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Banale

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Je rentrais du travail, comme j’en rentrais cinq soirs par
semaine. La journée avait été banale. Je ne dis pas que je n’avais rien à raconter après cette
journée, parce que lorsqu’on est dans une telle monotonie, on a toujours des
choses à raconter que l’on croit intéressante, mais avec du recul, je peux dire
que ça avait été une journée tout à fait banale. Il y avait bien Nadine qui m’avait montré le nouveau bain de
bouche qu’elle avait acheté pour son cheval qui ne se lavait pas assez les
dents. Ou encore Michel qui m’avait présenté sa nouvelle compagne
lors d’une réunion normalement destiné à faire le bilan de l’année. Le grand patron,
en visioconférence avait trouvé la nouvelle venue charmante et lui avait
immédiatement donné une promotion. Si bien que ma nouvelle supérieure n’était même pas une
employée de la boite, mais une fleuriste spécialisée en couronne mortuaire en
pâtes de blé dure. Une passion qu’elle avait depuis ses premiers travaux
pratiques à l’école primaire. Le modèle « tulipe macaroni »
était particulièrement impressionnant, malheureusement je n’avais
alors été invité à aucun enterrement. Et ses couronnes avaient des dates de péremption assez courte,
si bien qu’elle me recommanda de ne pas en acheter trop en avance. Après quoi, elle
me convoqua dans son nouveau bureau pour me faire remarquer qu’il me faudrait
faire quelques heures supplémentaires pour que je remplisse mes objectifs du
trimestre. Elle prenait son nouveau rôle de patron très à cœur et de
manière plutôt pertinente. Bien que j’eus déjà rempli mon objectif trimestriel. J’avais préféré
ne pas lui rappeler pour ne pas commencer sur une mauvaise note. Lorsqu’on
commence un concert par une fausse note, le public décroche immédiatement et il
faut être particulièrement exceptionnel pour réussir à le raccrocher. Je dis ça parce
que j’ai longtemps pratiqué le trombone malgré une allergie au cuivre qui me
faisait gonfler le visage. L’œdème provoqué au
niveau de mes lèvres me permettait
d’avoir une bouche de forme parfaite pour l’embouchure de l’instrument. C’est seulement
après que le médecin, qui avait du intervenir directement sur la scène de
l’opéra Garnier suite à mon évanouissement, m’ait signalé que je risquais de
décéder si je continuais de jouer, que je délaissai mon trombone. C’est de cette
expérience que j’ai appris qu’il ne faut jamais commencer quelque chose, comme
sa nouvelle relation avec sa nouvelle supérieure, par une fausse note. Et de cette
expérience aussi que j’ai été recrutée dans cette entreprise de fourniture de
bureau. Non pas qu’ils aient cru que, sur mon curriculum vitae, « six
ans de trombone » signifiait que j’avais passé six ans à faire des trombones,
mais parce que le responsable des ressources humaines, que j’avais rencontré
pour mon entretien, était amateur de musique en général et de cuivre en
particulier. Tout ça pour vous dire que c’était une journée assez banale. 


Je garai la voiture dans l’allée. Je l’appelle l’allée, mais c’était un tas de gravier que nous avions fait tomber là par erreur parce que nous n’avions pas compris comment fonctionnait la benne qu’on nous avait livrée. Initialement, ces graviers étaient destinés au petit parcours dans notre mini jardin botanique à l’arrière de la maison. Comme nous n’avions pas eu le courage de pelleter la tonne de gravier tombée là, nous les avions laissé et nous avions fait déplacer le garage, situé initialement de l’autre côté de la maison, au bout du tas de gravier. L’erreur de benne était devenue une allée. Au début, à plusieurs reprises, je me suis garée dans la cuisine, qui avait pris la place du garage, mais j’ai vite pris l’habitude et je n’ai plus fait l’erreur par la suite. En cette fin de journée, j’avais laissé la voiture dans l’allée. Je devais repartir en début de soirée pour mon atelier de yoga libre, une fusion dynamique entre le yoga et la lucha libre que nous pratiquions avec Carl avant ma blessure. Ce n’était pas nécessaire de rentrer la voiture dans le garage. C’est en sortant de ma voiture que j’ai eu cette révélation. Je ne sais pas encore si on peut vraiment parler de révélation, mais c’est comme ça que ça m’est apparu. Une image, une sensation, une envie que je ne pouvais pas ignorer. Je me suis rendu dans la cuisine d’abord, puis finalement dans le garage, qui était l’ancienne cuisine. J’y ai ouvert notre ancien réfrigérateur, qui était maintenant le placard à accessoires de sport. J’y ai pris un petit sachet plastique, puis je me suis rendu dans le jardin, dans le mini jardin botanique qui n’avait toujours pas d’allée gravillonnée. J’y ai arraché un gros faisceau de roseaux de Chine et je suis allée m’installer dans le bosquet d’arbustes géants nains, ce qui revient à des arbustes de taille assez moyenne finalement, mais qui demandent bien plus d’entretien que des arbustes de taille moyenne. Là, j’ai débroussaillé un peu le lieu et j’y ai installé mon nid. J’ai joliment déposé les roseaux de Chine pour constituer le pourtour du nid et je l’ai garni avec des tas de pétales très doux, quelques plumes ramassées ici et là et des morceaux de coton. Oui, je suis passée par la salle de bain, entre la cuisine et le garage, j’avais oublié de vous le préciser. J’ai vidé la petite poche de plastique que j’avais prise dans le garage, elle contenait cinq petites sphères toutes blanches. Je me suis mise à genoux au-dessus, et j’ai commencé à couver mes œufs. C’est exactement ça que j’avais eu subitement envie de faire une dizaine de minutes plus tôt. 


Carl est arrivé quelques heures plus tard, très en colère. Je n’étais pas
passé le prendre pour qu’on aille ensemble au yoga libre. Il avait été
obligé d’y aller avec sa propre voiture. Habituellement, je passais le prendre à son travail, nous
allions au yoga ensemble puis je le re déposais à son travail où il reprenait
sa voiture et il rentrait à la maison de son côté. Ca me faisait
faire un détour d’une quinzaine de kilomètres. Le yoga libre était vraiment à deux pas de la maison, mais
c’était notre manière à nous de faire de cette activité « notre activité à nous
». Pour ne pas trop perdre de ses habitudes, Carl n’aimait pas
trop sortir de sa routine, il s’était rendu au yoga libre en voiture, puis
était retourné à son travail puis était rentré. S’il était rentré directement, il aurait été bien plus en
colère, croyez-moi ! Il me trouva dans le jardin, bien confortablement installée dans mon nid. Il commença par
crier, je ne me souviens plus exactement de ce qu’il pouvait bien raconter,
puis il se fixa face à moi. Il évalua la situation. Je me levai pour l’embrasser et il resta plus interloqué
encore. 
« Emmanuelle ! Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ! »
Comme je ne savais pas ce que c’était encore que cette histoire,
je préférai ne pas lui répondre pour ne pas répondre à côté de la plaque. Je me
réinstallai dans mon nid alors qu’il marchait d’un pas décidé vers la maison en
grommelant dans sa barbe mal taillée. Il revint quelques minutes plus tard, au téléphone. Au ton qu’il
avait, je pouvais deviner qu’il avait appelé Juliette, notre fille. Elle arriva à la
maison à peine cinq minutes plus tard bien qu’elle habitât à l’autre bout du
pays. Elle devait être dans la région pour une quelconque affaire. Ou bien
peut-être avait-elle déménagé sans nous le dire. Je fus un peu surprise de la voir, mais je la reconnus
immédiatement. C’était ma fille quand même ! Une nouvelle fois, je me levai pour l’embrasser et, comme
Carl, elle resta interloquée. Elle m’embrassa quand même, puisque c’est ma fille, puis
elle chuchota quelques mots à l’oreille de Carl. On aurait dit qu’elle allait souffler dans un trombone. Elle avait les
joues gonflées, les lèvres en « o ». Mais Carl n’aurait pas fait un bon trombone à coulisse. Il manquait
beaucoup de souplesse pour bien coulisser et il ne prenait jamais de complément
de cuivre. Du fer, du magnésium, tous les matins, ça oui ! Mais du cuivre
jamais. Si bien qu’elle lui soufflât des choses à l’oreille, mais
que ça ne produit aucun son chez Carl. Seulement quelques réactions étonnées, surprises puis
compréhensive sur son visage. Ils marchèrent tous les deux d’un pas décidé vers la maison
et je me demandais bien avec quelle nouvelle personne, ils allaient revenir. Puisque j’avais bien
l’impression que c’était là leur but. 


Comme ils aiment bien me surprendre, je ne vous en parlerai
pas ici, mais ils m’ont déjà organisé des anniversaires d’une surprenante
surprise, ils revinrent à quatre. Au fond, j’aurais pu m’en douter, Juliette avait
toujours été passionnée par l’histoire de l’échiquier de Sissa. Si elle devait encore repartir chercher de nouvelles
personnes, nous aurions rapidement un problème de place à la maison. Par chance, ils
ne vinrent pas plus nombreux. Ils étaient quatre maintenant à me regarder avec une passion
dévorante. Ce qui ne me dérangeait pas de la part de mon mari, ce qui
était déjà un peu plus déconcertant de la part de ma fille et plus encore de la
part des deux autres messieurs qui étaient dans notre jardin. Le premier était
grand, il faisait bien trente centimètres de plus que Carl, le crâne dégarni,
le visage allongé ponctué par deux petites lunettes rondes qui tenaient sur un
nez très fin. Monsieur Colliaud,
l’ancien professeur de science et vie de la terre de Juliette. J’avais passé de
très chouette réunion parents-profs avec ce monsieur, j’étais bien contente de
le voir ! Depuis que Juliette avait quitté le collège-lycée qu’elle
avait fréquenté, je le voyais beaucoup moins. Le deuxième homme était lui aussi très grand, mais comme il
était à côté de monsieur Colliaud,
le contraste avec Carl me saisissait moins. Il était plus en chair, avec un visage rond cerclé par un
collier de barbe et une riche chevelure passablement décoiffée. Je n’avais
jamais vu ce monsieur. Aussi, je décidai de ne pas me lever pour embrasser les deux
nouveaux venus. Mais cette fois-ci, c’est Carl qui me demanda de me lever. Quand je le fis,
les quatre prirent ce même regard interloqué que Carl puis Juliette avait déjà
eu plus tôt. Je me réinstallais dans mon nid, et ils partirent tous les
quatre d’un pas décidé vers la maison. Je craignais un peu qu’ils ne reviennent plus nombreux
encore, mais comme je vous l’ai déjà dit, ce ne fut pas le cas. Ils revinrent
quelques minutes plus tard, et ils m’invitèrent à aller à l’intérieur de la
maison. Je ne savais toujours pas qui était le deuxième bonhomme et
j’étais plutôt bien dans mon nid. La paillasse était vraiment confortable et mes œufs avaient
besoin d’être couvés maintenant qu’ils étaient dans le lit. Quand ils
étaient dans leur sachet plastique, ce n’était pas nécessaire, mais maintenant
qu’ils avaient retrouvé leur milieu naturel, il fallait bien que j’en prenne
soin. Comme ils insistaient et que je commençais tout de même à
avoir soif, je n’avais pas prévu de bouteille d’eau pour accompagner ma
nidification, j’acceptais de les suivre. Juliette ramassa mes cinq œufs. Je la laissai
faire parce qu’elle est ma fille et que je lui faisais confiance. On arriva dans
la cuisine d’un pas décidé. C’est probablement comme ça. Lorsque vous décidez de construire un nid et de vous y
installer, les gens autour de vous se mettent à marcher d’un pas décidé. Je ne sais pas
encore si c’est une conséquence ou une corrélation, mais c’est une question que
j’entends bien étudier un jour. Le monsieur un peu plus en chair que je ne connaissais
toujours pas avait revêtu mon tablier de cuisine, une charlotte, qui n’était
pas à moi puisque je n’ai pas de charlotte,
et des gants. Dans cet accoutrement, il me rappelait le cuisinier du
collège-lycée de Juliette et, dans le fond, c’était assez cohérent qu’il me
rappelle cette personne puisque c’était lui. 


Sur le plan de travail, ils avaient sorti tout ce que la
cuisine pouvait contenir d’ustensiles et d’ingrédients. Hervé, c’est le
nom du cuisinier du collège-lycée qu’a fréquenté Juliette, m’invita à m’asseoir
en face de lui. Carl posa tendrement ses mains sur mes épaules. Je me tournai
vers lui et il me destina un sourire très doucereux, empreint de pitié. Je ne comprenais
pas où ils voulaient en venir, d’autant que j’avais plus soif que faim, mais
comme je ne voulais pas les contrarier, je me mis à sourire à mon tour. C’est Juliette
qui, d’un ton mielleux, prit la parole en se positionnant à côté d’Hervé. 
« Maman, voici les œufs que nous avons récupéré dans ton nid,
dit-elle en les posant sur le plan de travail. »
J’acquiesçais de la tête, puisque c’est moi qui les avais pris. Je les reconnus
sans problème, c’étaient mes œufs tout de même ! Elle continua.
« Avec Papa, M. Colliaud et
Hervé, nous voudrions te faire comprendre qu’il ne faut pas que tu couves ces
œufs, puisqu’en fait ce ne sont pas
vraiment des œufs, mais des balles de ping-pong.
– Voyez-vous, madame, un œuf est une cellule pondue par un
oiseau qui résulte de la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde, commença
à expliquer M. Colliaud. Il fait partie
du processus biologique de reproduction des oiseaux et d’autres animaux. De manière assez
caricaturale, il se compose d’une coquille de calcaire, de l’albumen, qu’on
appelle généralement blanc d’œuf, et du vitellus, que l’on appelle vulgairement
le jaune d’œuf. La plupart des œufs que nous trouvons dans le commerce n’ont
pas été fécondés, car l’œuf est pondu que l’ovule ait été ou non fécondé. Ce sont ces œufs
non fécondés que nous utilisons en cuisine. Les balles de ping-pong, quant à elles, sont des sphères
creuses composées de différents polymères qui servent à pratiquer le sport
appelé ping-pong. Elles ne sont, en aucun cas, destinées à être couvées, et il
ne faut surtout pas le faire puisque ça ne peut rien donner ! Personne n’a
jamais vu un poussin sortir d’une balle de ping-pong !
– Et je vais vous montrer, prit à son tour la parole Hervé,
que les œufs que vous avez ne sont pas des œufs, mais bien des balles de
ping-pong. »
Il prit une boite de carton avec six alvéoles qu’il ouvrit. Elle contenait
six œufs. Dans un bol, il cassa deux œufs, ajouta de la farine, du
sucre, du beurre et mélangea énergiquement le tout. Il mit
l’appareil à quatre-quarts dans un moule et l’enfourna. Il refit
exactement la même chose en utilisant mes œufs, cassant deux balles de
ping-pong dans le saladier, ajoutant de la farine, du sucre, du beurre et en
mélangeant énergiquement. Il mit le mélange dans un plat, le mit au four, et le laissa
cuire le même temps. Pendant ce temps, il fit chauffer un peu d’huile au fond
d’une poêle. Il cassa un œuf pour en faire un œuf au plat et fit de même
avec une balle de ping-pong. Puis il mit un œuf et une balle de ping-pong à cuire dans
une casserole d’eau salée pour faire des œufs à la coque. Comme on
attendait que tout soit cuit, je demandai un verre d’eau et je patientais. Hervé dressa les
œufs et balles de ping-pong au plat dans une assiette avec un tour de moulin de
poivre et quelques herbes, puis les œufs et balles à la coque dans de jolis
coquetiers que nous avions achetés sur un marché de Provence avec quelques
mouillettes beurrées et enfin, il démoula les deux quatre-quarts.


Les balles de ping-pong au plat dégageaient une odeur âcre
de brûlé profondément désagréable qui nous
montait un peu à la tête si bien qu’on fut obligé d’ouvrir toutes les fenêtres
de la maison et qu’on finit par ressortir dehors pour continuer la
démonstration. Les balles de ping-pong à la coque avaient fondu avec une
certaine grâce qui les rapprochait des œufs pochés plutôt que des œufs à la
coque, ce qui pouvait leur être reproché par un jury. Le quatre-quarts
aux balles de ping-pong ne ressemblait pas à grand-chose, si ce n’est peut-être
à la semelle de la chaussure de Carl qui un jour était restée en plein soleil
en pleine canicule et avait commencé à fondre sur le bitume. Les plats faits
avec es les œufs étaient bien réussis et je commençais à me dire que
lorsque Juliette se plaignait de la qualité de la cuisine à la cantine, elle
faisait bien sa difficile
et que, pourtant, ce n’était pas comme ça que je l’avais éduquée !
« Quelles sont les assiettes qui vous font le plus envie ? me demanda Hervé ».
Naturellement, je désignais les assiettes avec les œufs. Si leur idée
était de me faire manger des plats à base de balles de ping-pong, il allait
leur falloir bien du courage ! Je n’avais aucune intention de les goûter ! Et puisqu’ils
avaient utilisé des ingrédients de bonne qualité et encore consommables pour
les réaliser, j’espérais bien qu’ils allaient les finir ! Parce que chez
moi, hier comme aujourd’hui, on ne gaspille pas. 
« Et c’est bien normal, me répondit-il fièrement, parce que ce sont des plats fait avec des
œufs ! Les autres sont faits avec des balles de ping-pong. 
– Continuons cette démonstration, ma chérie, dit Carl avec
entrain. »
Il déplia la table de ping-pong et Juliette, qui était une fameuse
joueuse, s’installa, raquette en main face à lui. Carl servit avec la dernière balle de ping-pong. Il lifta la
balle, Juliette la renvoya d’un geste énergique. Elle tapa le bord de table et, d’un geste réflexe, Carl
parvint à la renvoyer, mais un peu trop en hauteur. Juliette saisit
l’occasion et smasha la balle qui laissa Carl dans le vent. J’applaudis avec
enthousiasme ce bel échange que nos deux invités n’eurent pas l’air d’apprécier. Juliette
s’apprêta à servir avec l’œuf. Elle leva sa main droite en l’air, lança l’œuf en l’air, le
frappa avec le plat de la raquette et l’œuf éclata immédiatement en l’air,
projetant du jaune et du blanc sur son beau chemisier fleuri, la table de
ping-pong et la raquette. Cette fois-ci, nos deux invités applaudirent. Ils ne devaient
pas apprécier le tennis de table.
« Vous voyez encore une fois la différence entre une balle de ping-pong et un œuf, conclut
M. Colliaud tout en
continuant à applaudir. »
Il avait l’air très fier de sa démonstration scientifique et je
commençais à me dire que lorsque Juliette me disait que son prof de science de
la vie et de la terre était vraiment un excellent prof, elle exagérait un peu. Ils s’étaient
maintenant tous les quatre regroupés autour de moi, me regardant avec un air
insistant comme s’ils attendaient quelque chose de ma part. Ne sachant pas
comment réagir, je me levai et pris le dernier œuf qui restait dans la boite
alvéolé.
« Merci pour cette démonstration. »
Je me dirigeais vers mon nid avec mon nouvel œuf. Je le déposai
délicatement sur un bel écrin de plume et je m’assis dessus pour le couver. Sous mon poids,
l’œuf s’écrasa et je sentis le blanc d’œuf me tremper les fesses et les cuisses. Comme ils
continuaient à m’observer, je n’en montrai rien. Ils auraient été capables de me faire une nouvelle
démonstration alors que c’était précisément pour éviter cette situation que
j’avais pris des balles
de ping-pong plutôt que des œufs. Quand ils eurent l’impression que je m’étais bien
réinstallée pour couver mon œuf, ils se prirent dans les bras pour se féliciter
de m’avoir démontré qu’une balle de ping-pong n’était pas un œuf. Et que si l’on
voulait couver quelque chose, on se devait de bien le faire en couvant un œuf
et pas une petite boule de plastique. Fiers comme des coqs, pas un seul d’entre eux ne chercha à
comprendre pourquoi j’avais eu une soudaine envie de couver des œufs. À tout bien y
réfléchir, je me dis que ce fut une bonne chose pour moi. Ils auraient
probablement voulu faire rôtir une de mes cuisses pour me prouver que je
n’étais pas une poule. Finalement, ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose
qu’ils ne s’intéressent pas réellement à moi ce jour-là. Comme je vous
l’ai dit au début, cette journée fut vraiment banale.


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