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Fais Dix Vers – Semaines 19, 20 et 21

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J’ai du retard sur la publication des textes des « Fais Dix Vers ». Entre un déménagement et une connexion internet un peu défaillante, il a fallu patienter un peu. Mais si vous me suivez sur instagram, vous avez pu remarquer que j’ai bien tenu mon rythme d’un slam par jour du lundi au vendredi !

Aujourd’hui, je vous partage donc les textes de ces trois dernières semaines ! Logiquement, pas mal de variété, surtout, le texte du centième F10V ! Un cap que j’étais, tout de même, heureux de passer !

Il est temps de (re)découvrir les textes de ces trois dernières semaines !

Lundi 17/08/2020 : Rythme

Un retour de vacances, une reprise de rythme, le thème s’imposait de lui-même !

On m’a dit que la contrainte rend libre et que la liberté contraint,
Alors je rentre avec entrain dans ce train-train que j’étreins,
J’me calle, hein ! Le temps de remettre les pendules à l’heure,
Pendu, suspendu aux cordes vocales du beau-parleur,
J’ai cherché l’aiguille de ma montre dans une botte de foin,
J’ai fait le tour du cadran, une paille, pour trouver son coin,
Je ne l’ai pas vu cette passagère, routine clandestine,
Prophétesse, elle seule sait à quoi le temps m’destine,
Aujourd’hui, je retrouve mes habitudes pour un temps court,
J’ai mis un moment à comprendre que même l’instant court.

Mardi 18/08/2020 : Biélorusse

Les manifestations en Biélorussie m’ont inspiré ce slam, dans lequel j’ai essayé de filer la métaphore tout en y glissant quelques jeux de sonorités !

Rendez-vous quai de la gare, je suis pris d’une agitation céleste,
Aujourd’hui nouveau départ, notre destination c’est l’est,
Un train charmant mais dépassé, la vapeur d’une vieille loco,
A l’intérieur ça trafique de tout, peau de loup, cash, and co,
Sur la table, la mise, on double, tout se joue en rouble,
Effet domino, mon voisin me dit que c’est de l’argent trouble,
La machine tombe en panne en pleine campagne biélorusse,
On roule sur des rails que les animaux s’couent,
Pour réparer, le mécano doit emprunter une bielle aux russes,
A ce train là, je crois qu’on atteindra jamais Moscou.

Mercredi 19/08/2020 : Cheval

Marqué par les faits divers autour de la mutilation des chevaux partout en France, j’ai eu envie d’écrire un texte sur le sujet, qui m’a vraiment interpelé.

Je suis réveillé par un cri du côté de l’écurie,
Du coeur de la nuit, j’entends mon père en furie,
En pagaille, la marmaille braille autour d’un tas de paille,
Quand je découvre le corps, et les traces des entailles,
Mon équidé liquidé d’un geste plein d’iniquité,
Mon ami, mon compagnon, ma vie qui vient de me quitter,
Il fut tiré, mutilé, buriné, fut-il lutiné ?
Je l’imagine se débattre du lasso, se cabrer, se mutiner,
Donner des coups de sabots, repousser des assaillants sanglants,
Je me couche à ses côtés, ma tête posée sur ses flancs.

Jeudi 20/08/2020 : Plan L

Deux jours pendant lesquels je ne pouvais pas enregistrer, j’en ai profité pour continuer la série « Plan » avec les épisodes L et M.

Le gang des auteurs quittent les lieux avec précipitation,
Ils ne veulent pas prendre le risque de la moindre dénonciation,
Ils récupèrent quelques affaires, tout ce qui peut être utile,
Se débarrassent du superflu, de tout ce qui serait futile,
Ils vident quelques bidons d’essence, craque une allumette,
N’ont pas le temps d’attendre, s’engouffre dans la camionnette,
Ils n’ont plus d’assurance, plus aucun filet de sécurité,
A partir de cette décision, débute leur épreuve de vérité,
Ils le ressentent maintenant, le danger est réel,
C’est dans ce genre de situation que la nature de l’homme se révèle.

Vendredi 21/08/2020 : Plan M

Faire sortir Flaubert demeure leur priorité,
Ils se sont branchés sur les radios des autorités,
Rimbaud, concentré, garde les écouteurs sur les oreilles,
Scrute toutes les fréquences, assure le travail de veille,
Quand enfin la radio annonce son transfert,
Donne toutes les informations, il n’y a plus qu’une chose à faire,
Ils étudient la carte, repèrent le coin, connaissent le carrefour,
Mettent en place tous les éléments de leur opération de secours,
L’air s’échauffe, le convoi apparaît, la tension est extrême,
Pied sur l’accélérateur, première étape de leur stratagème.

Lundi 24/08/2020 : Brouillon 4

Lendemain du déménagement, un texte dans la thématique, que j’ai intégré à la série des « brouillons ».

Aujourd’hui, je suis comme mon papier, j’bulle,
J’ai trop tiré sur la corde, je me sens comme un funambule,
Je suis les miettes, façon petit poucet, père, forêt,
Alors j’écris des textes à trou sur des feuilles perforées,
Est-ce que je rêve du carton ? Je sais que je veux vous emballer,
Mais on redeviendra tous poussière et j’ai oublié de passer le balai,
J’ai froissé mon carnet, c’est pour ça que mes pieds boitent,
Je sais pas si c’est mon ressort de sortir de ma boîte,
Parce que je fais du slam, je suis à l’ancienne, comme les transparents à la fac,
Alors je vous livre ma copie sur un morceau de papier calque.

Mardi 25/08/2020 : Empoisonnement

Un thème inspiré par l’empoisonnement de l’opposant Russe Alexeï Navalny. Cependant, j’ai eu envie de raconter une autre histoire…

Une usine flambant neuve, posée au bord d’un fleuve,
Une fanfare, des gardes, l’inauguration se fait en grande pompe,
Les terres produiront plus qu’elles ne peuvent, peu importe qu’il pleuve,
Des ambassadeurs, des ministres, des présidents sont là pour mettre en route la pompe,
Les cheminées rejettent d’épaisses fumées ocres dans le ciel,
La rivière se pâme d’un parfum à l’odeur pestilentielle,
Mais la population continue d’y faire ses ablutions, c’est un toc Sikh,
Comme les champs livrent des récoltes d’un grand foisonnement,
Personne ne s’alerte de toutes ces émanations toxiques,
Personne ne les alerte de leur lent empoisonnement.

Mercredi 26/08/2020 : Lecture Labiale

La lecture labiale, c’est la lecture sur les lèvres. Une tribune dans le Monde évoquait les difficultés pour les mal-entendant·e·s face au port obligatoire du masque. Ca a fait écho en moi, j’ai eu envie d’écrire ce texte.

J’entends des murmures étouffés, je dis des mots de papier,
Je croise ces discussions soufflées par ces bouches que je ne peux épier,
Et dans cette orale barrière, il y a cette muette fissure,
De celles et ceux pour qui les lèvres sont des commis sûrs,
Celles et ceux qui lisent sur leurs traits ces paroles lancées,
Celles et ceux qui pour nous écouter observent notre visage danser,
Ai-je refusé de voir ce que le sourd dit ?
Jusqu’à en oublier que dans nos expressions, aussi, la parole s’ourdit,
Ma bouche recouverte de cette médicale feuille de vigne,
J’entrevois seulement tout ce que le langage désigne.

Jeudi 27/08/2020 : Zone rouge

Ai-je vraiment besoin de préciser ce qu’est la « Zone Rouge » ? Ce terme un peu anxiogène m’a inspiré un récit sur un ton « post-apocalyptique ».

Les soldats ouvrent la barrière, les barbelés sont écartés,
Le laisser-passer est tamponné, le chef du groupe est encarté,
Le quatre-quatre rédémarre, ses phares disparaissent dans le brouillard,
Et à l’intérieur ses occupants commencent à se sentir trouillards,
Le doigt posé sur la gâchette, à la ceinture y a la machette,
Le masque à gaz dans la pochette, en cas de pépin, y a pas de cachette,
Ils sont déterminés à retrouver leurs enfants, morts en opération,
Même le chef du groupe, cacique du parti, n’a pas eu la moindre information,
Dehors, ils sentent que ça grouille, c’est lourd, des silhouettes courent, bougent,
Les joues se crispent, ils se serrent les coudes, ils viennent d’entrer dans la zone rouge.

Vendredi 28/08/2020 : Cent

Le centième « Fais Dix Vers »… Un texte que j’ai voulu assez riche, beaucoup d’images s’y cachent !

Je me revendique poète, parce que je cueille les mots passants,
J’utilise des lettres de cachet pour écrire des récits innocents,
Pour adoucir la pastille, je les mets en vers effervescents,
Pourtant je m’y attelle, à perdre cet air convalescent.
J’essaye de faire bonne figure, dans un sourire évanescent,
Je m’efface devant le sommet, je suis plus à l’aide sur les versants,
Il y a eu trop de lignes de faites dans l’ombre, à pondre des vers incandescents,
Qui déploieront leurs ailes en nombre dans mon imaginaire adulescent,
Ils se videront de leur encre, ils se videront de mon sang,
Ils me rappelleront alors, que ce texte n’est qu’un des cent.

Lundi 31/08/2020 : Dalmatien

Pour ce numéro 101, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un texte sur les 101 dalmatiens ! Une histoire dont je ne me souvenais pas si bien !

Aujourd’hui je vous slame une histoire que l’on m’a rapportée,
D’un couple de dalmatien qui venait d’avoir une portée,
Une amie de la famille, folle de ces petites boules tachetées,
Cruelle et d’une grande lâcheté, proposa de les acheter,
Pas pour les adopter, non, pour s’en faire une parure,
Face au refus, elle les fit dérober pour fourrure,
Les deux dalmatiens la poursuivirent jusque dans son repère,
Découvrant de nombreux autres chiots prisonniers de cette vipère,
Plein de bonté, ils ne purent se résoudre à partir sans un,
Ainsi les dalmatiens finirent-ils cent-un.

Mardi 01/09/2020 : Bricolage

Je montais des meubles quand j’ai pensé à la plupart des vers de ce texte… Forcément, ça s’en ressent un petit peu !

Pour que je reste dans les clous, certains ont voulu serrer les vis,
J’ai pas de numéro d’écrou, mais je sais que parfois les trajectoires dévissent,
Parce que pour pas rester sur le carreau, certains y vont pied au plancher,
C’est pas pour ça que je démarre tôt, j’ai eu la chance de bien piocher,
Alors même au pied du mur, je ne pousserai jamais une plinthe,
J’aime pas rester en surface, elles sont trop souvent repeintes,
Donc j’essaye de faire mon trou, sans vraiment chercher à percer,
J’y ai cru si fort mais je tournais en sens inverse, et,
Je pensais être à la hauteur, depuis j’ai trouvé mon mètre,
Dorénavant je touche du bois, c’est juste une raison d’hêtre.

Mercredi 02/09/2020 : Rentrée

C’était la semaine de la rentrée, je ne pouvais pas passer à côté de cette thématique, pour vous raconter une matinée mignonne…

Ce matin, papa et maman viennent réveiller Mathéo,
Ils lui choisissent ses habits, adaptés à la météo,
Sur la table de la cuisine, ya son petit-déjeuner préféré,
Un chocolat chaud fumant et une grande tartine beurrée,
Ils le laissent manger sur le canapé, il a même le droit d’allumer la télé,
Ils ne l’obligent pas à se brosser les dents ni à débarbouiller sa moustache de lait,
Ils vérifient son sac, pour être sûrs qu’il n’ait rien oublié,
Réajustent son manteau, s’assurent que ses lacets sont bien liés,
Le bus s’arrête devant la maison, Mathéo embrasse son père et sa mère,
Ils lui donnent son fusil et le laissent partir à la guerre.

Jeudi 03/09/2020 : Impro 6

Voilà quelques temps que je ne m’étais pas autorisé de faire une impro pour les « Fais Dix Vers », alors j’ai allumé la caméra, le micro, et ça a donné ça…

Je me retrouve seul face au micro, ça fait longtemps que je ne l’ai pas fait,
A espérer que la magie opère, comme si au dessus j’avais des fées,
Mais je ne suis pas une princesse, je ne suis ni un prince de conte,
Et je sais que ça n’intéresse pas grand monde, au fond ce que je raconte,
J’ai voulu raconter des histoires, j’ai voulu vous faire des récits,
Mais je ne sais pas vraiment où je vais parce que dans ma tête je suis indécis,
Alors je suis deux chemins, je suis des lignes, parfois je perds ma trace,
Des fois je prends des impasses et parfois je finis dans la crasse,
Au fond, faut que je sois honnête, je ne sais pas vraiment ce que je vise,
Alors tant que je ne le saurais pas, je me dirai juste vas-y improvise.

Vendredi 04/09/2020 : Satellite

Un thème inspiré par la réussite du lancement de la fusée Vega pour la mise en orbite de plusieurs micros satellites. J’ai un peu décalé le sujet !

Lorsqu’elle rentre dans la pièce, je suis le premier au passe,
Mais est-ce qu’un homme de mon espèce peut faire partie de son espace ?
Elle prend la même table, la même soupe, la même cuisson de la bavette,
Elle veut la même tasse sur la même soucoupe, accompagnée de sa navette,
Si le thé est mal infusé, elle peut m’en faire tout un désastre,
Quand je sens son parfum se diffuser, je suis projeté dans les astres,
D’un coup d’oeil, elle m’envoie en orbite, de ses lèvres en ellipse,
Elle ne sort jamais seule, d’une nuée de compagnons qu’elle éclipse,
Arriverai-je, un jour, à faire partie de cette élite ?
Moi qui lui tourne autour, je ne reste qu’un obscur satellite.


Pour retrouver mes « Fais Dix Vers » du lundi au vendredi, ça se passe sur instagram, donc n’hésitez pas à m’y suivre ! Vous pourrez m’y proposer vos thèmes !

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