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L’épopée de Li Shu, chapitre 11 : Xuanya

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Chapitre 10 : La Séparation

Nanren Shangren offre la liberté à Hu, Huise et Li Shu, sans aucune contrepartie. Encore faut-il prendre le risque de traverser Lutai et faire confiance au mercenaire. Seule Huise décide finalement de le suivre.

Cela faisait cinq jours que Huise avait quitté la forêt de Xuanya avec Nanren Shangren, abandonnant son frère, Hu et sa sœur Li Shu. Depuis son départ, chaque nuit, Li Shu retournait à l’orée de la forêt, là où la troupe de mercenaires avait pris la route, là où sa sœur l’avait quittée. Elle veillait, jusqu’à ce que le jour commence à se lever, jusqu’à ce que les oiseaux commencent à piailler et que les rongeurs nocturnes regagnent leur terrier, sans lui prêter attention. Elle espérait voir la silhouette de Huise se détacher dans la pénombre, rompre la barrière verdoyante, traverser la première rangée d’arbre, celle qui marquait la frontière entre leur monde et celui des autres. Elle voulait voir Huise la rejoindre. Li Shu se disait que, peut-être, Nanren Shangren enverrait un messager de sa troupe pour lui dire s’ils avaient réussi à quitter Lutai, si Huise était vraiment libre, loin, au-delà des montagnes et de la vallée. Li Shu aurait eu des doutes, elle n’accordait que peu de crédit aux dires de Nanren SHangren, ou à ceux de ses sbires, au moins aurait-elle eu un espoir. Sans aucune nouvelle de sa sœur, l’idée que celle-ci s’était faite vilement piégée ne quittait jamais ses pensées.


Certaines nuits, Li Shu apercevait des ombres et des flambeaux longer la lisière de Xuanya. Les paysans de Lutai patrouillaient aux confins du territoire des bannis. Li Shu entendait leurs voix, elle en reconnaissait certaines. Lieren, le chasseur, étaient là toutes les nuits. Hu, Huise et Li Shu avaient passé trop de journées à le suivre dans la forêt pour apprendre à chasser comme lui pour ne pas le reconnaître. Parfois, l’idée lui traversait qu’ils pouvaient être là pour leur porter secours, pour les aider. Ils n’auraient pas été si nombreux, ils ne s’y seraient pas pris de cette manière. Guettaient-ils ainsi toutes les nuits depuis qu’ils avaient été bannis ? Li Shu avait la certitude que non. Alors, les histoires s’entremêlaient dans son esprit. Ils avaient surpris Huise lorsqu’elle tentait de fuir Lutai et ils voulaient maintenant s’assurer que les autres bannis n’essaieraient pas à leur tour. Non, ils n’avaient pas réussi à intercepter Huise, mais ils l’avaient vu, au loin, en dehors de la vallée, trop tard. Un marchand de retour d’une caravane lointaine l’avait croisée, belle, libre, arrogante ! Humiliés, les habitants de Lutai espéraient se venger sur un banni téméraire qui tenterait de pointer le bout de son nez en dehors des arbres protecteurs de Xuanya. Ou encore, ceux-là avaient besoin de quelque argent et s’étaient dit qu’il ne serait pas bien compliqué de mettre la main sur de jeunes bannis pour les vendre en esclave à quelques marchands de passage dans la vallée. Li Shu les observait avec méfiance. Avec cette sensation, tapie au fond d’elle-même, qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Une énergie glaçante et terrifiante. Une excitation frustrante, paralysante, qui la poussait à se jeter sur ces ombres, à leur tomber dessus sans leur laisser la moindre chance. Elle s’imaginait le faire, elle se voyait le faire, elle ressentait son corps tressaillir, ses muscles se tendre, ses mains se serrer, ses poings frapper, sa haine jaillir. Pourtant, elle ne bougeait pas. Quelques fois, il lui semblait que les guetteurs se figeaient juste en face d’elle et la regardaient fixement. Elle ne souhaitait alors plus qu’une chose, qu’ils s’avancent, qu’ils s’exposent à elle, sur le territoire des bannis, sur son territoire. Ils n’étaient que deux à vivre là, elle et Hu. Elle n’avait plus aucune crainte de tomber sur quelque présence importune lorsqu’elle errait dans la forêt, certaine qu’elle était ici, dorénavant, chez elle. Il n’y avait plus eu de bannis à Lutai depuis des décennies. Mais les rares fois où une silhouette faisait quelques pas vers les jeunes arbres en lisière, c’était pour soulager un besoin naturel. Et même pour ça, aucun ne prenait le risque d’entrer dans le bois.

Lorsque Li Shu racontait ses nuits à Hu, celui-ci la dissuadait de retourner à la lisière. Il n’y avait rien de bon à trainer là-bas, si ce n’était prendre le risque de tomber un jour sur des chasseurs d’esclaves contre lesquels elle ne saurait pas se défendre. Il ajoutait, dans une grimace moqueuse, qu’elle était le genre de proie facile qu’ils convoitaient. Lorsqu’il prononçait ses mots, Li Shu se jetait sur lui, comme elle aurait voulu le faire dans la forêt. Elle le projetait à terre et l’y maintenait, l’écrasant de tout son poids, en hurlant qu’elle n’était pas une proie facile et en poussant des cris féroces qu’elle savait exagérés. Hu se défendait, se débattait, parvenait, difficilement, à se relever et les deux adolescents s’amusaient alors à se poursuivre à travers la forêt de Xuanya, jusqu’à ce que Li Shu soit enfin rattrapée par la fatigue d’une nuit passée à veiller. Elle s’endormait dans le creux d’un arbuste, hallier où elle avait trouvé refuge. Et lorsque Hu finissait par la débusquer, il venait la recouvrir d’épaisses couvertures et veillait sur son sommeil. Ainsi, sans se concerter, Li Shu et Hu maintenaient ils une garde permanente, veillant mutuellement l’un sur l’autre, comme par instinct.


Cette nuit-là ne fut pas comme les autres. Li Shu attendit que Hu soit parfaitement endormi pour quitter leur campement. Celui-ci avait meilleure allure de jour en jour. Ils avaient installé sur le foyer de fines pierres plates qu’ils faisaient chauffer avant d’y faire cuire la viande des animaux qu’ils chassaient. A l’est du foyer, pour éviter la fumée et les braises, Hu et Li Shu avaient bâti un grenier, rehaussé par quatre pilotis de bambous où ils entreposaient leurs réserves, pour les mettre à l’abri de la malice des rongeurs. Au sud, l’abri reposait sur un bosquet d’arbres resserrés qui assurait un support fiable. Les outils et les armes laissés par la troupe de Nanren Shangren, volontairement ou non, Li Shu et Hu étaient inconciliables sur la question, avaient été d’une aide précieuse. Li Shu rejoignit la lisière, coutelas à la ceinture. Poussée par un vent intrépide, elle poussa jusqu’à la première rangée d’arbres, tout en prenant soin de rester invisible malgré la maigreur des troncs. Portée par la montagne, répétée par les parois rocheuses, une clameur approchait. La lumière vacillante de torches dansait dans la nuit, ballotée par l’agitation des bras, le mouvement des corps, bercée par des cris. Lorsqu’elle put apercevoir les silhouettes des hommes et des femmes qui se rapprochaient en courant, dans un déplacement désordonné, elle se mit à plat ventre dans un hallier de hautes herbes. Quelques brins doux lui pénétraient les narines, la chatouillant et lui donnant une terrible envie d’éternuer. La troupe, armée, plus nombreuse, plus menaçante que les nuits précédentes, s’arrêta à deux pas des premiers arbres, avec méfiance et détresse. Li Shu aurait pu voir leur visage si elle avait pu lever la tête. Elle sentait leurs odeurs, celle des pleurs, de la sueur et de la peur. Ils appelaient dans la nuit, comme s’ils s’adressaient directement à Xuanya et qu’ils attendaient une réponse de la forêt. Les mots, les appels, les paroles se noyaient dans le silence, et Li Shu ne parvenait pas à distinguer leur sens. Lorsqu’il lui semblait qu’aucun corps n’était tourné vers elle, Li Shu pointait un œil audacieux en dehors des longues tiges jaunâtres. Elle parvint à reconnaître Gongping, Tufu et l’inévitable Lieren. Dans la tête de Li Shu, le doute n’était plus admis. Huise était dans la vallée et ils étaient à leur poursuite. Ils l’avaient reprise alors que Nanren Shangren l’avait trahie, mais elle était parvenue à s’échapper et, Nanren Shangren ayant touché sa récompense, n’avait pas cherché à la pourchasser, laissant ceux de la vallée se débrouiller seuls. Elle s’était cachée et cherchait, naturellement, à rejoindre la forêt de Xuanya pour y trouver refuge et retrouver son frère et sa sœur. Elle avait dû y parvenir dans la nuit, expliquant pourquoi les sentinelles étaient si nombreuses et si nerveuses maintenant. Li Shu l’avait manquée de peu, si elle était venue à son poste un peu plus tôt, elle aurait pu l’accueillir pour son retour. Li Shu se le reprocha mentalement. Elle resta immobile, respira le plus doucement possible pour ne pas agiter les légers brins d’herbe qui la camouflaient. Lorsque les patrouilles n’étaient constituées que de deux ou trois paysans de Lutai, elle se sentait de taille. Cette nuit, face au nombre, aucune énergie glaçante ne la poussa à prendre des risques, bien au contraire. Une chaleur intérieure l’incitait à rester terrée. Elle était soulagée, elle allait retrouver Li Shu puisqu’ils renonçaient à la reprendre. Elle n’en voulait plus à celles et ceux qui l’avaient séparé de sa sœur. Il n’était plus question de vengeance, plus question de haine. Elle n’avait pour eux plus qu’une heureuse indifférence. Aucun des habitants de Lutai n’osa s’aventurer, de nuit, dans la forêt de Xuanya. Ils s’en approchèrent plus qu’à leur habitude, posant une main sur un tronc, avançant le buste, tendant le cou pour parler à l’oreille de la forêt. Ils ne partirent que lorsque la nuit fut bien trop noire, le ciel couvert, pour espérer trouver celle qu’ils cherchaient.

Li Shu patienta jusqu’au silence des Hommes pour mouvoir une oreille. Il n’y avait plus que le battement d’ailes des rapaces nocturnes, les crissements des insectes, le craquement des brindilles sous les pas légers des prédateurs noctambules. Elle entendit alors un chant étouffé. Ce n’était pas une mélodie de la forêt, pas une plainte du vent, pas le souffle de la nuit. « Huise ! » S’exclama Li Shu d’une voix pleine d’espérance. Le miaulement venait du sud, de la falaise de Xuanya. Li Shu savait le danger qu’il pouvait y avoir à rôder aux abords du gouffre en pleine nuit. Huise avait dû s’y diriger, certaine que les couards de Lutai ne l’y poursuivrait pas. Li Shu hésitait. Elle n’avait pas de torche pour s’éclairer, ne connaissait que mal cette partie de la forêt où elle et Hu ne s’aventuraient jamais, ou le moins possible. Elle retourna au camp, se coucha contre les flancs de Hu, soulagée. Demain, ils retrouveraient Huise.


Lorsqu’il se réveilla, Hu fut surpris de découvrir Li Shu à ses côtés. Ses habits étaient couverts d’herbe, de terre et de poussière. Elle avait dû passer la nuit dehors, mais était rentrée plus tôt qu’à son habitude. Ou bien s’était-il réveillé plus tardivement. Il se leva sans faire de bruit, raviva le feu et attendit en silence qu’elle émerge. Sans comprendre pourquoi, sa conscience lui intimait qu’il devrait être à ses côtés lorsqu’elle ouvrirait les yeux. Li Shu s’éveilla au chant des merles, attirés par les restes de leur dîner. Ils approchaient en sautillant dans le matelas de feuilles, en gardant un œil avisé sur Hu à côté du feu, se bataillant pour un trognon de fruit dès que l’un d’eux en avait saisi un du bec. Li Shu émergea doucement avant de se redresser soudainement. Un éclair illumina ses pupilles. Elle bondit sur ses pieds, courut vers Hu, qui s’attendait à ce qu’elle se jette sur lui, lui dit de prendre un couteau et un sifflet, puis elle le tira par le bras vers la falaise de Xuanya. Comprenant la direction qu’elle lui faisait prendre, Hu freina sa sœur.
« Arrête Li Shu, si nous courrons comme ça, nous fonçons droit vers le grand vide ! protesta-t-il.
— Mais il n’y a pas de temps à perdre, hurla-t-elle, déjà essoufflée par l’excitation, Huise est là-bas ! »
Hu s’arrêta net. Elle n’était plus avec eux, Huise. Elle était partie. Li Shu avait fait un mauvais rêve. Sa sœur lui conta alors sa nuit. Comme il se montrait sceptique, Li Shu le mena d’abord à la lisière de la forêt. Hu fut bien obligé de reconnaître qu’une troupe nombreuse avait piétiné là toute la nuit. Il pouvait y avoir milles raisons à cela. Alors que Hu continuait à remettre en cause l’interprétation que Li Shu faisait des événements, celle-ci lui plaqua la main sur la bouche pour le faire taire.
« Ecoute, chuchota-t-elle. »
Portée par les courants d’air du sud, la complainte qu’elle avait entendu dans la nuit se fit de nouveau entendre, plus clairement, depuis la falaise de Xuanya. Li Shu attrapa de nouveau Hu par le bras et celui-ci se laissa faire. Quand la forêt commença à se faire moins dense, laissant place à de hautes herbes, à hauteur d’Homme, qui en profitaient pour s’épanouir sans l’ombre des feuillages, Li Shu et Hu ralentirent. Le précipice n’était plus très éloigné. C’était bien une voix qu’ils avaient entendue. Une voix douce, jeune qui chantait une chanson mélancolique de Lutai.

Une chanson qui racontait comment un lapin pris dans le collet d’un chasseur refusait de se laisser mourir et refusait la fatalité avec dignité. Lorsque le chasseur arriva pour relever son piège, sortant sa lame pour égorger le lapin, Feng, le dieu du Vent, prit d’admiration pour le lapin, fit souffler une tornade autour du piège, juste avant que le chasseur n’attrape sa proie par le cou, et le porta jusqu’à lui. Feng offrit au lapin de vivre parmi les dieux et les déesses de Lutai et de tirer son chariot. Le lapin accepta, et il fit des vents de Lutai, les vents les plus vifs du monde. Mais plus jamais il ne put rejoindre son terrier et vivre avec les siens. 


Li Shu et Hu cherchèrent du regard, autour d’eux, avant de s’avouer ce qu’ils craignaient. La complainte ondoyait de l’abîme. Li Shu s’approcha avec prudence du bord, retenue par Hu, qui s’agrippait à un arbre solidement enraciné. Cherchant dans le vide, le long de la paroi irrégulière de la falaise, Li Shu remarqua une forme étalée sur un promontoire rocheux. Elle était tombée. Elle ne paraissait pas blessée, mais son assise était fine, à l’équilibre précaire. Comme Huise chantait toujours son impassible mélopée, Li Shu entonna la ritournelle à son tour, pour attirer son attention. La silhouette se tourna vers le ciel, renversant la vaste étoffe sombre, découvrant son corps et son visage. Ce n’était pas Huise. Li Shu somma à Hu de la remonter. Elle se tourna vers lui et s’effondra en larmes. Hu n’eut pas besoin d’explication pour deviner ce qu’elle avait vu. Il essaya de la réconforter du mieux qu’il put. Huise avait envie de partir de Xuanya, il était mieux pour elle qu’elle ne se soit pas retrouvée obligée d’y revenir.

Retrouvant un peu de sérénité, Li Shu et Hu s’activèrent. Chacun de leur côté, ils arrachèrent les touffes de hautes herbes, entassant les longues fibres végétales. Une fois qu’ils en eurent amassées assez, ils les assemblèrent par petits fagots et les enroulèrent, les entortillèrent et les tressèrent pour obtenir des morceaux de cordes qu’ils nouèrent solidement entre eux. Ce n’était pas la première fois qu’ils façonnaient ainsi une corde, mais c’était bien la première qu’ils utiliseraient pour se jeter dans le vide, aussi testèrent ils consciencieusement sa solidité. Li Shu demanda à la silhouette si elle s’était blessée dans sa chute et celle-ci répondit qu’elle avait été chanceuse, car il lui semblait que non. Ils n’auraient pas à construire et descendre un brancard de bambou. Bien cramponnée, Li Shu longea la corde à flanc de falaise. Elle s’efforçait de ne pas regarder en bas, malgré l’irrésistible envie d’enfin découvrir qui avait pu se retrouver là. Elle posa un pied sur le promontoire rocheux, plus stable que ce qu’elle avait imaginé. C’était un garçon de Lutai. Elle l’avait déjà aperçu. Il ne participait pas à leur jeu, ni aux travaux des champs. Elle ne le connaissait pas. Lui aussi la dévisageait. Lorsqu’il la reconnût, il eut un sursaut, un mouvement de recul, une moue hideuse qui froissa Li Shu. Avait-il participé à leur bannissement, lançant, innocent et jouasse, des pierres pointues sur les trois adolescents ? Ses parents lui avaient-ils décrits Li Shu comme un de ces monstres dont les adultes se servent pour fixer des limites aux enfants et les faire obéir ? Li Shu balaya rapidement toutes ces questions de son esprit, ce n’était ni le lieu, ni le moment. Elle l’aida à se relever. Il tremblait, sa trop grande cape l’empêchait de se déplacer sereinement. Li Shu lui conseilla de la retirer. La longue pierre plate vacillait légèrement sous leur mouvement, mais elle ne bascula pas. Sous la cape, le garçon ne portait qu’une fine tunique. Il s’agrippa à la corde et y monta avec aisance, poussé par la faim, la peur et l’envie de vivre. Il eut la même moue horrifiée lorsqu’il reconnut Li Shu, cependant, il accepta son bras tendu sans hésiter. Hu le hissa en haut et, dans l’élan, le garçon alla s’étaler dans les hautes herbes, poussant un grand râle de soulagement. Li Shu remonta à son tour, la cape noire pliée sur ses épaules. Lorsqu’elle découvrit le garçon allongé dans l’herbe, la tunique remontée découvrant une bonne moitié de ses fesses, elle laissa s’échapper un rire amusé. Elle lui jeta la cape noire pour qu’il puisse se couvrir. Les trois adolescents s’assirent au milieu des hautes tiges vertes, jaunies et grisées, à quelques pas du précipice. Le soleil se tenait maintenant haut dans le ciel, réchauffant l’atmosphère, les corps et les esprits. Li Shu, la première, se laissa tomber, libérant la tension que tout son être avait accumulée. Elle cria, d’un cri joyeux et libérateur. Hu et le garçon l’imitèrent, et ils éclatèrent d’un rire sonore et aigu.
« Je m’appelle Mumbei, déclara le garçon.
— Enchanté Mumbei, l’accueillit Li Shu, nous sommes…
— Je sais qui vous êtes, l’interrompit-il avec un sourire entendu. »


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