1

Les Egoèmes #17 – Vers de peur

Les Egoèmes, c’est un concours de poésie que j’organise chaque début de mois sur Instagram. Ou presque.

Pour cette dix-septième édition, je propose aux participant·es de nous écrire des poèmes qui nous ferons frissonner, trembler, craindre… Bref, que la poésie nous effraie !

Pour cette édition, les participant·es ont une semaine pour participer, en envoyant leur participation à egoemes @ larathure . fr (sans les espaces) avant le mercredi 8 novembre 2023 minuit.

Comme pour l’édition précédente, je proposerai un texte de calibrage pour aider les jurys dans leur travail de notation.

Pour vous tenir au courant des actualités du concours, ça se passe sur Instagram : @lesegoemes

Les jurys de cette édition sont les lauréat·es de l’édition précédente  :

Marylène Perret (Instagram )

Carine avec un C (Instagram ) 

Kemo (Instagram )

Vous pouvez retrouver les présentations des membres du jury sur Instagram : @lesegoemes

Bonne lecture !


Texte n°1 – Martyrs de la peur – Marina Tem

D’une émotion figée qui intensément nous désarme,
Le temps est suspendu à la frousse de nos alarmes;
Il s’inquiète des méfaits redondants de vils bourreaux,
Qui stigmatisent nos postures de martyrs, sans repos.

D’une sensation équestre qui nous chevauche dans l’estomac,
On est pris de court par les noeuds d’un trouble inadéquat;
Peur engendrée par les méandres d’une guerre insoutenable,
Qui nous détient captifs de cette geôlière redoutable.

D’une insurrection armée qui nous paralyse les sens,
L’horreur envahit nos membres qui perdent toute contenance;
Penser à la fuite comme recours ultime à nos droits,
Malgré nos gestes raides qui restent tétanisés d’effroi.

D’un statut de malmenés par les envies coriaces,
D’infanteries monstres qui sur nos terres nous (pour)chassent,
Hésiter longuement à prendre la poudre d’escampette,
Et demeurer pétrifiés face aux raids qui nous tiennent en alerte.

D’une envie de briser le tabou de décennies d’abus,
Qui longuement nous écornent dans un bizutage ardu;
Chercher des horizons sobres et des abris sans balles,
Pour cesser de paniquer et retrouver un état normal.

@marinatem_12

Texte n°2 – L’essence de la peur – Samira

J’ai saisi l’essence brute de la peur dans sa perfidie,
Celle qui fait suffoquer et survient lors de tragédies;
Emotion qui excelle dans l’art de rendre des cœurs palpitants,
Et dont l’action est de maintenir un état avilissant.

D’une sensation oppressante à des airs de calvaire,
Elle nous rend terne sous sa coupe froide et délétère;
Nos muscles succombent de paralysie et de langueur,
Et notre cœur performe une tachycardie brusque de terreur.

Toujours à affirmer son égo narquois de crainte habile,
Dans une obsession forte de tétaniser les plus fragiles;
Toujours à faire des incursions à des moments hostiles,
Son but insidieux est de faire des victimes ses cibles dociles.

D’une apparence de stress à des moments de panique exacerbée,
Elle déverse sur nous les misères d’un moment désarçonné;
D’une source de rebond à une malice mal planquée,
Elle a le mérite de pocurer une cataplexie invétérée.

J’ai saisi l’essence de la peur dans son efficacité,
Celle qui remue nos corps bardés de paresse et de lâcheté;
D’une envie de briser les défauts qui créent des projets inachevés,
Dans un pari d’exhumer les ressources enfouies laissées de côté.

@mira_ilda2

Texte n°3  – Déréalité – Phantom

Des bruits de pas derrière moi
Dans la rue sans personne
La lune observe ronde dans le ciel
Comme un globe sans iris ni pupille
La nuit sans étoiles menace de m’engloutir
Je presse le pas pour rejoindre ma demeure  

Cela a commencé il y a
Une ou deux ou trois ou quatre ou cinq ou six ou six ou six
Semaines ou mois ou années
Le temps
Le temps a perdu son court
Brisé dans mon esprit,
Mon esprit est 

Fragmenté, je constate qu’un
Miroir est tombé
Projette mon visage sur les éclats,
Le sol a des yeux

Qui est entré ?
Qui est entré avant moi ?
Les tableaux m’observent tandis que je
Déambule dans les couloirs
Chancelant sous la lumière faiblarde

Les escaliers craquent
Menacent de s’effondrer
Mes jambes lourdes,
La porte de la chambre a déjà été poussée
Les objets toujours à la même place
Avec leur poussière accumulée 

Glissent sur ma peau les vêtements
L’air froid s’empresse de m’envelopper
Avant que je me faufile entre les draps
Apparaissent dans le noir
Des corps déformés
Aux membres trop longs
A la bouche béante
Et aux orbites vides,
Sanglants,
Inhumains,
Je ferme les paupières.
Impossible de leur échapper.

@phantomcamelia

Texte n°4 – L’abîme – Patrick Aubert

Franchir le Pont du Diable,
Le gouffre de l’enfer !
Vertige irrémédiable
Et affres mortifères !

En bas gît le poète
Qui avec Lucifer,
Sous l’œil du gypaète,
Voulut croiser le fer !

Ponte del Diavolo,
Traversée diabolique !
Elles vont à vau-l’eau,
Nos pensées bucoliques !

La terreur vous attend !
Ne montrez pas faiblesse,
Quand vous verrez Satan
Ou Méphistophélès !

@patito75009

Texte n°5 – Oser – Marilou Ros-Marque

Mes vers de peur déambulent,
Se faufilent et dansent au milieu de notre bulle.

Comme enfant sous la table après les cris,
lorsque les armes tombées,
les pleurs asséchés,
ne laissent place qu’à la main qui tremble sur les écrits.

Mes vers de peur déambulent,
Se faufilent et s’amusent entre les particules.

Comme l’être qui attend,
lorsque les parents sont partis,
l’air désemparé,
des lendemains inquiétants.

Mes vers de peur déambulent,
Se faufilent et s’excusent pour les préambules.

Comme le coeur-rancune,
qui ressent l’amertume,
des maux déposés
par les mots cabossés.

Mes vers de peur déambulent,
Se faufilent et reculent face à la majuscule.

Comme les paroles tuent,
par crainte des bombes,
des regards hécatombes,
des perpétuels partirs abattus.

Mes vers de peurs déambulent,
Et osent, in extremis, l’impossible hors de cette bulle.

@marilou.r.marque

Texte n°6 – Mur de fer – Athénaïs GRAVE

Seuls sur des murs de buée,
Les vers se meurent
En éphémère pudeur
De perles de nuées.

Ne reste plus que le verre,
Nu des pensées.
Nulle preuve des êtres séquestrés
Sur les encres de fer.

Je pèse le reflet
Des lettres en censure,
Que le temps se permet d’exclure
Des verbes cendrés.

Vers, lueurs rebelles,
Même juste une heure,
Sur le mur des peurs.
Une fleur sur des terres en duel.

@athenaisauteur

Texte n°7 – Pourrir – Lady Darjeeling

Tout gorgé de mes craintes
Fermente mon automne
Humide sonne la plainte
De l’âme qui frissonne
Métamorphes mes songes pourrissent comme des feuilles
Et les gouttes qui tombent sont comme un dernier deuil

@lucieniclaes

Texte n°8 – sans titre / les vers – verdi

rêvent de peu :
cœur pomme blette
plaie vinaigre
se faire un trou, y dormir
métamorphoses

j’ai la peau criblée des galles de mes enfants mouches
les doigts mangés d’imagos
je suis vide comme ces tunnels sous l’écorce où les xylophages engraissent
charogne et matrice pour soixante jours

en essaim ils ressortent
vrombissent autour de moi
halo nuée
s’hydratent de mes larmes
lèchent mes plaies

– et j’ai perdu d’avance
dix naissent pour un qui s’efface
ils m’aiment malgré moi, mes maux –

de mes casualités
écrasées
contre papier
coule lymphe
encre
vers

@des_hauts_et_dessin

Texte n°9 – Verte tige – Flocon

Le sommeil lourd me regarde
Appuie sur ma poitrine de tout son poids
De ses yeux vides me fixe
Se rapproche de moi, menaçant

La pluie battante, je prend garde
De mon cœur je ne suis plus roi
Tout s’emballe dans la rixe
Je perds la tête, dans un râle lent

Un silence profond m’observe
J’entends mon cœur battre
Des pas et des craquements au loin
Un souffle sur mon cou dénudé

Mon ventre s’étripe, ils se servent
Ces monstres pliés en quatre
Translucides mais réels comme mon poing
Ces formes forment mon anxiété

Le sommeil lourd me prend les bras
M’étouffe lentement, prenant mes yeux
Des doigts s’agrippent à ma chair
Me déchire, lacère mon âme

La vitre trempée par la pluie qui s’abat
Fait entrevoir une sombre lumière qui se meut
M’entoure pleine d’angoisse, m’enterre
Puis plus rien que l’effroyable et placide calme

@flocon_de_solitude

Texte n°10 – En-vert et contre tout – Alain Snyers

En fixant l’œil ouvert du colvert,
Le vérificateur véreux de vers de travers,
Vite se versa un Vermouth verdâtre dans un vil verre à pied salivaire,

Puis, sous sa vieille véranda versatile éventrée,
Il vida une verdoyante verrine vermillonnée
Dans le versant Versaillais de l’envers d’une véritable vérité versifiée,

Sous couverts d’une vertu vertébrale,
L’homme pervers fut alors pris d’un sévère vertige verbal
Qui le verrouilla sans vergogne à un vermicelle vertical,

Son calvaire vermoulu dura tout l’hiver et finit quand le verbeux pic-vert
Put enfin vertement renverser un vermifuge vernaculaire
Sur une verte primevère larvaire.

@alain_snyers

Texte n°11 – L’instant de suspension entre l’inspiration et l’expiration – Mahaut Lisle

Je trébuche, sur des mots, des phrases,
Qui ne sortent pas bien, qui s’envolent avant d’avoir pu franchir mes lèvres,
J’hésite, je doute, je floutte,
J’engage un combat sans merci aux mots réfléchis, leur reprochant leur friviolité,
Eux m’attaquent là où ça ne se fait pas,
Mon assurance refroidi, elle prend un goût amer,
Ma colère laisse paraître les blessures qui l’ont engendré,
Dans un souffle je dis :
« Tais toi et ecoutes pout une fois. »
Alors dans ma tête le silence se fit, 
Il chassa la colère et acceuillit la peur,
Et elle prit toute la place qu’on lui avait laissé,
Dans l’appréhension du moment, désiré et redouté,
Tu me regardes,
Mais mes mes mots restent dans la suspension d’un point d’interrogation,
Aucun son ne franchit mes lèvres gercées, seule une buée blanche s’élève dans le ciel les rejoindre,
Rien
« Ce n’était pas sensé se passer comme ça »
Je tremble, et prend conscience de la vulnérabilité dans laquelle je me suis délibérément mise : le déséquilibre,
Un vertige, pourtant je n’ai pas peur des hauteurs ; là si.
Car je sais la chute, je vois le précipice,
Alors j’inspire,
Je prends la seule arme qui le reste dans la fierté déchue : l’Audace
Je parle bêtement, je parle sans sens,
Mais j’oublie de me sentir ridicule,
Je suis une pensée voltige,
Je me soustrait à la gravité, m’exprime avec une legertée que je ne me connais pas,
Je begaie, je gaffe, mais je n’hésite plus,
Quand je finis je lève les yeux,
Mon cauchemar est désorienté, déboussolé
« Ce n’était pas sensé se passer comme ça. » me dit-il
« Si, car je l’ai choisis. »
« Comment ? »
« J’ai osé. »

@chinelisle

Texte n°12 – Funeste présage – Sandrine B-HOLDER

Le crépuscule tombe sur le monde,
Répandant ses fétides remugles si féconds,
Par l’entremise de pluies ininterrompues
Qui s’immiscent par les moindres interstices.
Nul n’arrive plus à colmater les murailles fissurées
Et les entrailles se mettent à frissonner.
La bête immonde se déploie sur ses futures proies ;
Insidieusement, ses tentacules captivent les esprits.
Elle se repaît des âmes errantes
Qui cherchent un sens à leur existence.
Des catacombes ressurgissent les spectres du passé,
Et toute la fange de l’humanité.
Tu fais semblant de ne pas entendre ses pas,
Tu fermes les yeux sur ses méfaits lointains,
Qui ne sont pour toi que peu de chagrin.
Méfie-toi …elle est là, tout près de toi
Elle se rapproche, pas à pas, de ton porche.
Une épaisse fumée envahit ton foyer,
Ta vue s’obscurcit ; tu ne vois plus que la nuit.
Tu n’arrives plus à penser, ni même à rêver.
Dans tes veines, bientôt, le ver de la haine….
La bête ricane, grossit inexorablement.
Elle fait son œuvre, étouffe ton cœur.
Les flammes de la bonté s’amenuisent,
Une bise glaciale recouvre le monde.
L’hécatombe est à son comble.
Il n’est plus l’heure du verre d’honneur,
Mais bien celui du malheur.

@sandrine.b.holder

Texte n°13 – Poète maudit – Le Tissemonde

J’avais piégé tous mes démons
Dans ce carnet, désincarnés
Mais la nuit parfois, sans raison
J’entendais les pages tourner.
Lugubre bruissement
Des peines irrésolues,
C’est le chuchotement
De ceux qu’on entend plus.

Un jour je me suis éveillé
Prisonnier de mes propres mots
Et chaque page était striée
De vers devenus des barreaux.

Depuis, dans ces poèmes morts
J’erre éternellement
Cherchant la clef, le contre-sort
Qui mettrait fin à ce tourment
Mais les démons qui m’ont maudit
Ont ensorcelé chaque mot
Et si vous me lisez, là-haut
Vous voilà condamnés aussi. 

@letissemonde

Texte n°14 – Renverse la peur – Samuel Burret

Si je devais peindre ce qui me tracasse,
Je ne saurais par où commencer
Tout démarre lorsque l’on fait face,
Aux angoisses illusoires de nos pensées

Il n’y a rien de contraire à la peur
Pour lui accorder l’existence 
Pourquoi s’agenouiller durant des heures,
Devant des idées qui vantent la nuisance

Ai-je peur du noir, du vide ?
Peut être de la mort ?
La conscience de mon sort,
Me justifiera d’intrépide

Car j’affronte toutes les frayeurs,
Avec une fiévreuse envie
Et je remercie mes peurs,
De me maintenir en vie.

@nzwwwbmas

Texte n°15 – Prison des peurs – Oni Rick

J’ai placé toutes mes peurs sous vers, pour qu’elles me laissent enfin de glace.
Ainsi ma boule aux éclats de vers, cicatrise mes brisures d’audace.
Même la transparence dans mes vers, ne laisse se faufiler mes angoisses.
Car la terreur assiégée dans mes vers, devient le reflet trivial des émois. 

@oni_rick_idepique

Texte n°16 – Vert de peur – Suzanne Mekeu

Le scénario fébrile d’une réaction tremblante,
Face à l’alerte d’une maîtrise de soi vacillante;
Transparaît comme l’action odieuse d’un émoi paralysant,
Qui surgit dans des moments d’inconfort haletants.

Le manteau serein qui s’extirpe de notre apparence,
Quand on est vert de peur et loin d’un calme qui nous distance;
Se réclame des phobies intenses qui nous inondent,
Dans un panorama d’actes intranquilles qu’on féconde.

Les élans vicieux d’une terreur accablante,
Qui emplit nos muscles d’une rigidité étreignante;
Régressent la part courageuse dont on est dénuée,
Et dissolvent les gestes salvateurs qui demeurent scellées.

L’agitation brusque qu’on décline avec véhémence,
Par des réponses affolées devant des cas d’urgence;
Dénote des marqueurs d’une panique incontrôlée,
Qui nous anime de déraison et d’anxiété.

Qu’on soit rouge de colère ou rongé par l’ennui,
Qu’on ait des émotions navrées ou des sourires éblouis;
Quand la peur nous assaillit elle prend l’ascendant sur tout,
Dans un émotion dantesque qui nous enserre dûment de ses atouts.

@suzannemek

Texte n°17 – Futilité – Thoxis

À quoi bon…
À quoi bon faire attention,
Prendre soin de nos corps
Si c’est pour finir mort,

Chaires putrides
En  dé
com
po

sit
ion
s
?

De vouloir le meilleur,
Succomber aux passions,
Courir vers un bonheur
Inondant d’illusions

Si c’est pour finir nu, allongé,
Les vers comme seuls amants
Qui viendront sensuellement
Nous dévorer et nous digérer ;

Si c’est pour finir austères
Comme mes poèmes oubliés :
Excréments de vers
Dont personne ne s’est souciée ? 

@thox_xis

Texte n°18 – Quand les vers tonnent – BFlow

J’préfère écrire des vers de peur
Perdu seul dans des airs d’orages
À inventer le verbe cœur
Pour jamais finir vert de rage
J’suis d’ceux qui s’en remettent au nerf
Quand tout à coup surgit l’éclair
Mais qui se calme avant l’tonnerre
Je préfère quand l’esprit est clair
Pour accueillir les premières gouttes
Oui celles qui se mêlent aux larmes
Avant d’chasser les premiers doutes
Qui trop souvent m’enserrent le crâne
Alors quand les solutions grondent
Et font tempêtes au cœur des cris
Je rêve que le silence réponde
Que tout est beau quand tout est gris
Puis les nuages s’évanouissent
Et les peurs avec disparaissent
Quelques sourires s’épanouissent
Lorsque la tension glisse paresse
Mais il faut reprendre, faire sonner
Mes mots porteurs d’mes rêves d’auteur
Faire en sorte que les vers tonnent et
Faire mes adieux aux vers de peur

@florent_beauvois_page_auteur

Texte n°19 – Piégée – Sandy Géronimi

Vieille bâtisse fissurée
Aux murs et toits défigurés
Entourée d’un brouillard nacré
Nuit noire, ambiance chargée
Impression de maison hantée
Ressentie dès mon arrivée
Cette idée m’a fait frissonner
Étrangement, m’a attirée
Un large escalier au premier
Mes pas m’ont poussée à monter
En haut, un grand lit velouté
Semblait prévu pour me couver
Inconsciemment j’y ai goûté
Et le sommeil m’a rattrapée
Pleine lune, rayons bleutés
Pressentiment de nuit troublée
L’instinct crie de me réveiller
J’entends remuer à côté
Un crissement entrecoupé
D’un bruit de pages raturées
Urgemment tournées, arrachées
Crayon qui malmène un cahier
Pour emprisonner ses pensées
Ce crissement entrecoupé
D’une respiration hachée
Impatience, souffle coupé
Mon corps en est paralysé
Ma tête écrase l’oreiller
Crainte, panique d’inspirer
Je sens mon cœur tambouriner
Surtout, garder mes yeux fermés
Sensation de froid, d’air glacé
D’un œil, j’ose enfin regarder
Horreur, mon cœur va exploser
Il y a quelqu’un, là, penché
Qui écrit, écrit sans cesser
Je clos mes yeux, épouvantée
Est-ce un esprit vil, égaré ?
Que faire ? Envie de hurler !
Si elle se met à s’approcher ?
Vais-je ouvrir les yeux, la trouver
Nez à nez devant moi, collée ?
Pleine de courage, armée
Je scrute de nouveau, stressée
Elle n’est plus là, je suis sauvée
Ce n’était qu’une sombre idée
Ouf ! Un cauchemar inventé
À moins qu’elle ne soit cachée ?
La terreur revient me border
Je jette un coup d’œil d’un côté
Je la sens à proximité
Un râle profond et ancré
Qui tord mon ventre comprimé
Finit de me terroriser
J’essaie de me persuader
Tout est faux, tout est fantasmé
J’allume la lampe orangée
Cette fois, tout s’est envolé
Ne reste qu’un cahier, posé
Raturé, déchiré, blessé
J’essaie, mais ne peux m’empêcher
De lire ces mots griffonnés
« Loin de cette maison fuyez
Ou vous serez emprisonnée
Trop tard, elle vient pour vous chercher
Vous avez lu dans son cahier
Vous êtes à tout jamais piégée
Chut, écoutez, vous entendez ? »
Un crissement entrecoupé
D’une respiration hachée
Sensation de froid, d’air glacé
Impression de maison hantée.

@sandy_didou

Texte n°20 – Lueur – L’alchimiste

On a beau la regarder en face
La face cachée de l’humanité
Traverser des forêts de haine
Sentir l’effroi dans le dos
Pourfendre nos espoirs
A murmurer des mondes
Sans plus y croire
Lorsqu’il ne reste rien
Que des mots dans la nuit
Des vers de terre à terre
Plantés à même nos illusions
Ils éclairent malgré l’obscurité
Telles des lucioles
Le spectacle nocturne
De nos destinés 

@lalchimiste2.0

Texte n°21 – Vers de peur – F.L

Courrez avant l’hiver qui mouille
Rampant, terrifiant, inquiétant,
Il abrite un torrent grouille
En sorts dans son froid empiétant …
Zut ! j’y suis prise et j’ai si trouille !

Mon chemin cassé sous la glace
Oscille entre horreur et stupeur,
Tremblants, cœur, cou verts de torpeur
Sont mis aux sorciers de la place 🥶 .

@fr_f.l

Texte n°22 – Sombre Ballade – Naama Levi

La girouette grince, un corbeau s’y dépose,
L’écho se répercute, réfléchi, en prose.
Le rythme s’accentue, ancrant un climat dense,
Bien plus inquiétant que cette folle cadence.

Les feuilles dansent, des plumes volent à leur guise…
L’oiseau croasse douze fois, à quatre reprises.
S’imaginant déjà se rendre à mes obsèques.
Un frisson me saisit, me glaçant le sang, sec.

@kromate


Texte de calibrage – Imaginaire – La Rathure

Ma nuit et ma page sont blanches,
Quand un frisson – de froid ou d’effrois –
Traverse, des racines aux branches,
Mon corps et mon esprit à la fois,

Il n’y a que la lumière de mon écran,
Autour les ombres se faufilent,
Mes doigts figés, ancrés, à cran,
De côté, une silhouette se profile,

Je me garde de la regarder,
Dans un héroïsme innocent,
Mon cou pâle barricadé
D’une ignorance qui me glace le sang,

Tant que je ne l’ai pas vu,
Elle n’existe pas encore,
Mais tant que je ne l’ai pas « pas vu »,
Elle peut être, en chair et en corps,

Mon imaginaire sur les nerfs,
Crée plus qu’il ne l’a jamais fait,
Des chimères et des enfers sanguinaires,
Crépuscule des âmes et fées,

Tout s’assombrit, déjà dans le noir,
Mes pensées comme la nuit blanche,
Mon studio prend des airs de manoir,
Ma peau s’affaisse, ma raison flanche,

Je remettrais mon courage à demain,
Si je ne craignais de ne pas me réveiller,
Alors, je renonce à attendre la fin,
Sans avoir, à tout le moins, essayé,

C’est là, scellé dans ce silence lancinant,
Que le rythme cardiaque d’une respiration,
Souffle à mon coeur, ventricule hallucinant,
Le temps béni d’une lente inspiration,

Mes yeux, les premiers, entament le mouvement,
La tête et le cou suivent avec couardise,
Aveuglée, la mise au point ouvre doucement,
Sur des stylos et quelques papiers de friandises,

Pourtant ma tête s’entête, interprète et enquête,
Sur ce rien, cette absence, qui a causé tant d’émoi,
De cette miette inquiète elle fait naître la Bête,
Qui se tient, maintenant, là, devant moi.


Soutenez les Égoèmes sur TIPEEE grâce au don mensuel pour permettre de développer cette rencontre poétique : mise en place d’un prix des tipeurs, d’un prix du public et de bien d’autres choses…

Merci à Alep, BB2, D., Idéesdodues, Mathilde, Nicole, Roselivres, Thomas et un anonyme de m’y soutenir !