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Semaine 58

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Bonjour à toutes et tous !
Pour cette cinquante-huitième semaine de Fais Dix Vers, j’étais en vadrouille en Auvergne. Une excellente occasion de mettre à l’épreuve ma capacité à travailler et surtout enregistrer loin de chez moi. Si ça reste contraignant, le constat est sans appel, c’est faisable, et ça m’ouvre quelques perspectives, ce qui est chouette.

Le plus compliqué a, en fait, été de garder une discipline de travail quotidienne dans une ambiance qui fleurait bon les vacances et la déconnexion. Quoi qu’il en soit, j’ai tenu le rythme, et je vous propose donc les cinq textes de la semaine !

Les versions audios sont disponibles en podcast juste à droite !

Bonne lecture !

Lundi 31/05/2021, Fais Dix Vers #288, Soleil

Blotti dans le creux du jour, loin de partir, proche de revenir,
Le soleil passe en baillant, fatigué de s’être levé aux aurores,
Lui aussi, il voyage, il tourne immobile devant l’avenir,
Ici, c’est lui qui tire les ficelles du bout de ses rayons d’or,
Quand il se dérobe sous la dune, qu’il s’éclipse à l’aune de la nuit,
L’horizon s’allume, la perspective s’éteint, tout est à côté,
Les folies ambitieuses s’élèvent dans la timidité du bruit,
Devant les étoiles lointaines, tout semble être à notre portée,
Au clair de la lune, elles se montrent, au grand jour, elles se terrent,
Sans voir que c’est lui qui les berce, de l’autre côté de la Terre.

Disons-le tout de suite, l’ambiance de la semaine est plutôt bucolique et contemplative. Je n’ai pas cherché à prendre des thèmes d’actualité et me suis laissé porter par des inspirations passagères. Mes slams sont donc plus imagés, un peu moins techniques, bref, ils portent une ambiance un peu différente !

Mardi 01/06/2021, Fais Dix Vers #289, Moulin

Je me reconnais, Don Quichotte face à mes chimères,
Au dos des lettres qu’aurait pu filmer Marcel Pagnol,
Je presse mes vers pour en extraire l’essence primaire,
Mon moulin n’a pas pied lorsqu’il se noie dans mes paroles,
J’en collecte la solution pour savoir les résoudre,
Invente la roue à aube pour tourner au petit matin,
Je cultive un grain de folie pour vous en donner à moudre,
Il faut nourrir la machine pour sortir mon baratin,
J’ai manqué de souffle pour monter dans le moulin avant,
Il a fallu qu’des ailes me poussent pour prendre les devants.

Un moulin à aube à quelques minutes à pied du gîte m’a suffit pour justifier ce thème pour un texte… dans lequel je reprends finalement mes bonnes vieilles habitudes ! 

Dans mon esprit, ce slam a un sens, bien que j’en ai changé la construction au dernier moment et il est riche de plein de petites choses que j’aime bien, comme la « roue à aube pour tourner au petit matin ». Ce qui m’a amené à ma demander d’où venait ce nom de « roue à aubes ». Eh bien, aucun lien avec le lever du jour ! C’est en fait une planche qui lie deux structures (les arçons d’une selle de cheval initialement) et ça viendrait du latin alapa qui signifie « gifle ». Gifle, paume de la main, palette, planche. C’est pas si difficile que ça à suivre.
Je vous mets le lien de ma source, ce sera peut-être plus clair (il faut regarder le troisième onglet). 

J’ai glissé Alphonse Daudet à côté des lettres (de mon moulin) pour la petite référence (un peu forcée, je l’admets), adapté ensuite au cinéma par Marcel Pagnol (pour une partie des nouvelles). 

Pour le reste, j’ai essayé d’évoquer le moulin à vent, le moulin hydraulique, le moulin à parole, différents éléments du moulin… C’est un élément si important dans notre culture (même si on tend un peu à l’oublier aujourd’hui), que les images sont nombreuses et le champs lexical très étendu (rien qu’en listant des types de moulins j’aurais sûrement pu faire dix vers ! )

Pour finir cette explication qui n’en finit plus, j’ai failli mettre quelques mots sur le fait que je suis un véritable moulin à paroles, cependant, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, je ne le ferai pas. On passe donc au texte suivant. 

Mercredi 02/06/2021, Fais Dix Vers #290, Céphalée

Aglaé, prof de musique affalée à cause d’une céphalée,
Elle est fatiguée, effarée à force d’avaler tous ces fa laids,
Etienne est un prof de Sciences Nat qui égrène les migraines,
Aigris de voir ses pousses planter des têtes d’ail comme des s’mis, graines,
Odette est une prof d’histoire passée en mode maux de tête,
Démotivée d’doter ces mômes de données sur des démos de thètes,
Stéphane est un prof de sport en salle qui se trimbale un mal de crâne,
Il ricane des gars qui cancanent, stade animal où l’mâle crane,
Tous pensent en avance à la fin prochaine de leur méningite,
Ils attendent leurs vacances, une pause, une semaine, un gîte.

Un thème proposé sur instagram, sur lequel je me suis amusé ! Quelques rimes forcées, je vous le concède, cependant le texte fait sens dans son ensemble, ça valait bien de s’arracher quelques cheveux.

Pour la petite explication de la rime la plus capillotractée (si il y’en a une qui l’est plus que les autres) : les démos étaient les villages dans la Grèce antique, et les thètes, les citoyens les plus pauvres sous le régime de Solon à Athènes. Ce n’est pas pour rien qu’Odette est prof d’Histoire !

Jeudi 03/06/2021, Fais Dix Vers #291, Coq

La basse-cour bouillonne quand sonne sept heures zéro zéro,
Les animaux matinaux s’activent aux portes des bureaux,
Les porcs s’empressent de s’engraisser pour se faire encaisser,
Le corps en stress, oppressé par ces journées passées au PC,
Les poules poulopent dans tous les sens en oiseaux étêtés,
Les veaux prennent de virtuelles vacances pour une air tétée,
Les lapins désespèrent qu’un porte-bonheur tombe à leurs pieds,
Ils occupent la cour d’honneur pour obtenir de grands clapiers,
La crête encore clapie dans les plumes de son oreiller,
Il n’y a que le coq, qui ne s’est toujours pas réveillé.

Un thème inspiré par le chant du coq que j’entendais toute la journée ou presque. J’ai décidé de transporter la basse-cour dans un quartier d’affaire, et d’imaginer ce qui pourrait se passer. Aussi étonnant que ça puisse paraître, le verbe pouloper « existe ». C’est de l’argot, et il signifie courir ou se précipiter.
Pour le reste, un texte plutôt plaisir, avec la folle envie de placer les fameuses « air tétée » des veaux (RTT, donc, vu que le vers parle de vacances), une référence aux pattes de lapin, ou au coq qui est finalement le seul à ne pas se réveiller.

Il n’y a aucun sens caché dans cette historiette, ce n’est pas la peine de se demander quel animal représente quoi !

Vendredi 04/06/2021, Fais Dix Vers #292, Randonnée

J’pars pour une balade en rando histoire de sortir de mon antre,
J’remplis juste mon sac à dos pour prouver que j’en ai dans le ventre,
Un couteau suisse pour élever tics et autres puces électroniques,
Des allumettes imbriquées qui f’ront des étincelles acrobatiques,
J’allumerai un feu de joie qui éteindra toutes mes craintes,
Mon banquier est avec moi pour rembourser les chemins que j’emprunte,
J’ai un silex à saucisson, je partage la pierre de rosette,
Un va-nu-pied qui n’a jamais le moral dans les chaussettes,
Un caillou poli dans la sandale me pousse à devenir injurieux,
Une boussole athée, sans cardinal, me perd dans de riches lieux.

On termine cette semaine sur le thème de randonnée. Un texte que j’ai écrit en ayant en tête « Presque Rien » de Hippocampe Fou et Gaël Faye, une chanson et des artistes que je vous recommande chaudement !
J’ai essayé de faire un texte riche en doubles sens ou petites surprises, même si parfois ça se noie un peu dans le tout. Je pense que c’est un texte intéressant à entendre et à lire.

Là encore, vous pouvez me reprocher quelques vers forcés, notamment cette envie de placer la pierre de rosette qui n’a pas grand chose à faire là en soit !
J’espère que Champollion et Bouchard ne m’en voudront pas !
Je profite de cette petite explication pour mettre en avant « des allumettes imbriquées » qui peut s’entendre aussi « des allumettes, un briquet » ou encore « un couteau suisse pour élever tics », qui donne aussi « un couteau suisse pour helvétique ». On notera ici une faute, puisque j’aurais du écrire « tique » pour enchainer avec les puces (électroniques). J’ai une explication, à demi recevable. Initialement j’avais écrit « tic » pour jouer sur le « tic tac » évoquant l’horlogerie suisse. J’ai changé d’orientation a posteriori dans le texte, sans faire attention au fait que je n’avais pas adapté l’orthographe. Une erreur, donc, mais justifiée !


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