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Semaine 59

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Bonjour à toutes et tous !
Cette cinquante-neuvième semaine de Fais Dix Vers est avant tout marquée par le retour des textes slammés a capella. C’est quelque chose qui me manquait. C’est en fin de podcast si je déclame d’abord sur un fond musical, sinon c’est uniquement a capella. Je vais voir à l’usage si la formule évolue encore.

Les versions audios sont disponibles en podcast juste à droite !

Bonne lecture !

Lundi 07/06/2021, Fais Dix Vers #293, Nomade

Chercher le jamais vu, le jamais même soupçonné,
Se délester de tout car le voyage peut tout donner,
Glisser sa main dans les cheveux orages de l’horizon,
Louvoyer dans les yeux rivières si les trésors y sont,
Sourire aux déserts secrets pour en revenir rempli,
Des rencontres solitaires d’une humanité accomplie,
Habiter une cabane qui accueillera le prochain,
Y graver son être pour en dessiner les chemins,
Gratter les feuilles de jade au sommet de la canopée,
Je m’imagine nomade enfoncé dans mon canapé. 

Texte de transition entre la semaine dernière et le retour à Paris. Je l’ai vraiment écrit enfoncé dans mon canapé, c’est le seul point que je souhaite souligner ici.

Mardi 08/06/2021, Fais Dix Vers #294, Interprètes

Ils ont montré la voie dans un pays que la guerre ne quitte pas,
Ils ont guidé les pas de nos treillis, et leur ont offert leur voix,
Ils ont cru aux discours libérateurs, survivent cloîtrés dans leur foyer,
Ils ont tout donné, traducteurs, ne leur reste que leurs vies broyées,
Et lorsqu’ils toquent à nos portes, nous les traitons d’étrangers,
De parasites, lâches cloportes venus chez nous pour déranger,
Ils voient leurs visas refusés, sont accueillis comme des parias,
Ballottés dans des draps usés après avoir servi pour les paras,
Interprètes, auxiliaires d’armées, êtres qui se sont fait avoir,
Dans deux États condamnés traîtres pour avoir cru remplir leur devoir. 

On quitte les thématiques légères pour une actualité sérieuse. Pour remettre en contexte, j’ai vu sur youtube le reportage de Charles Villa sur les traducteurs afghans de l’armée française, il y a quelques semaines. Le sujet m’avait marqué. Lundi soir, je suis tombé sur un article du Monde évoquant l’appel des Talibans pour que les collaborateurs afghans de la coalition internationale ne fuient pas le pays. Ca a fait écho en moi, et j’ai eu envie d’aborder ce sujet.
Si ça vous intéresse, je vous laisse les liens vers le reportage et l’article. 

Mercredi 09/06/2021, Fais Dix Vers #295, Chaussure

Elle se souvient de quelques mots glissés avant minuit,
Le chant d’un oiseau de parade, son coeur est tombé fol,
Ses pieds s’arrêtèrent de danser quand il prit son envol,
Elle convoque tous les poètes pour le retrouver lui,
Ils déclament chacun leur tour pour les charmes de leur Dame,
Des poèmes déjà vus, des sérénades surannées,
Aèdes et bardes se succèdent pendant toute une année,
Lorsqu’elle entend l’alexandrin qui embrasa son âme,
Cendrillon chausse ses amours d’une pantoufle de vers,
Elle a trouvé chaussure à son pied aux bras d’un trouvère. 

Un thème proposé sur instagram, par Ptite_vouvri. Un thème avec lequel je pensais faire tout autre chose, jusqu’à ce que je pense à la « pantoufle de vers » et que je me décide de revisiter le conte de Cendrillon. En dix vers, et en inversant les rôles.

Pour la petite histoire, il existe un débat sur la composition des pantoufles de Cendrillon, sont-elles de verre ou de vair ? Le vair, c’est de la fourrure d’écureuil. On doit cette incertitude, non pas à Perrault, mais à Balzac qui croit déceler une faute orthographique d’un folkloriste lorsqu’il tombe sur la mention des pantoufles de « verre ». C’est lui qui le « corrige », et qui propose les pantoufles en fourrure de petit-gris. Voilà ce qu’il en dit :
Certaines fourrures rares, comme le vair, (…) ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs (…). Ce mot, depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d’éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 53).

La controverse prend, et les éditeurs, écrivains et folkloristes se positionnent pour l’une ou l’autre des versions. D’autres éditions ne mentionnent simplement plus la matière des souliers.
Car dans la version de Perrault, il est bien écrit « verre », un matériau que l’on retrouve classiquement dans les contes oraux (montagnes de verre, palais de verre, pont de verre…) rare et précieux pour ses contemporains. 
La réponse viendrait des versions étrangères, dans laquelle l’homophonie n’existe pas. On y retrouve des souliers de soie, de verre, d’argent, d’or , brodés de perles ou de diamant ou encore des pantoufles de cristal. 

Finalement, c’est probablement Anatole France qui répond le mieux à Balzac en 1885 dans le Livre de mon ami :
« C’est par erreur, n’est-il pas vrai, qu’on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre ? On ne peut pas se figurer des chaussures faites de la même étoffe qu’une carafe. Des chaussures de vair, c’est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux, bien que ce soit une mauvaise idée d’en donner à une fillette pour la mener au bal, (…) je vous avais pourtant bien dit de vous défier du bon sens. Cendrillon avait des pantoufles non de fourrure, mais de verre, d’un verre transparent comme une glace de Saint-Gobain, comme l’eau de source et le cristal de roche. Ces pantoufles étaient fées ; on vous l’a dit, et cela seul lève toute difficulté. Un carrosse sort d’une citrouille. La citrouille était fée. Or, il est très naturel qu’un carrosse fée sorte d’une citrouille fée. C’est le contraire qui serait surprenant »

Jeudi 10/06/2021, Fais Dix Vers #296, L’amour, putain !

J’ai un coeur de pierre pour pouvoir y graver ton nom,
Et quand je te poserai la question, je n’craindrai que ton non,
Si je n’ai pas encore la corde au cou, j’reste pendu à tes lèvres,
Je suis prêt à te suivre partout, même jusqu’au Pont de Sèvres,
Payer le tarif pour passer l’périph, poser des mots sur ce riff en police sans sérif,
Abattre cent shérifs pour que Bob me vérif’, de la Jamaïque à Tenerife,
L’amour, putain, ça m’en fait dire des conneries !
Je te porte comme un toc depuis les premières sonneries,
Y a des bonheurs qu’on a ravis et des épreuves qu’on a gravies,
Quand j’y pense, j’suis heureux que tu sois rentrée dans ma vie.

Commençons par remettre ce texte dans son contexte.

Mercredi soir, j’ai profité de la restriction du couvre-feu et de la réouverture des bars en intérieur. Dans le bar où j’étais, a été proposé un mini concours de poésie. Les différentes tables s’affrontaient sur le thème « l’amour, putain », avec quinze minutes pour écrire quelques vers, et gagner quelques verres. Elle est facile, mais je la fais malgré tout. 
Jeudi, j’ai simplement repris le texte écrit la veille, et je l’ai complété pour arriver à dix vers, en essayant de garder la spontanéité de la veille.
Et puisque vous ne vous posez pas la question, oui, on a gagné les shots. 

Vendredi 11/06/2021, Fais Dix Vers #297, Euro

Devant le bar la foule est sage avant que le match débute,
Personne ne veut retourner au cage, bien sûr qu’ça nous rebute,
On empile les coups sifflés en attendant le coup d’sifflet,
Mais si on perd vite fait, j’sais qu’on entendra persifler,
Soixante millions de sélectionneurs, un paquet de mauvaise foi,
Donneurs de leçon, division d’honneur, sans avoir un mauvais foie,
Le gardien a le bras long, il peut atteindre la tireuse,
Il fait tourner les ballons, il a eu la main généreuse,
Ambiance de fête et d’orgie, on veut des pintes et du jeu,
Je taille, mais le jour J, je crierai aussi “allez les bleus”. 

Dois-je vraiment expliquer le contexte de ce sujet, ou le texte ? Je pourrais, mais… le match va commencer !


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