Les Égoèmes

Les Egoèmes #24 – Harpes Macadam

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Il est l’heure de lancer la 24ᵉ édition des Egoèmes !

Le printemps laisse entendre ses premières notes qui résonnent dans la ville, une sensation « Harpes Macadam ».

Comment participer ?

Les participant·es ont une semaine pour envoyer leur création.

Date limite : jeudi 13 mars 2025 à midi
Adresse d’envoi : egoemes @ larathure.fr (sans espaces)
Conditions de participation : suivre les comptes Instagram @larathure et @lesegoemes .

Comme à chaque édition, un texte de calibrage sera partagé pour aider le jury dans son évaluation.

Le jury de cette édition

Les jurys de cette édition sont les lauréat·es de la précédente édition :

Retrouvez leur présentation et toutes les actualités du concours sur la page @lesegoemes.

Alors, prêt·e·s à façonner les cordes de vos pensées ?


Texte n°​​1 – Des Êtres-Anges Se Croassent 

Certains étaient sortis ?
Partis chercher leurs horizons
Les secondes ne s’éloignent jamais
On se rejoint toustes
Sur ce tableau de neige – oranges chancelantes
C’est le temps des démons.monnes de coeur et d’esprit
Voilà c’est crapaud
Les truelles mentent aux étoiles
Morceaux de Pet Tales
Jaune Blanc
Violet Noir
Nous sommes fans des faunes
On le dit, si on est partis,
C’est pour un film d’urgence. 

Texte n°2 – Quand la pluie fugue 

Les sémaphores clignotent, dans la forêt des panneaux criards, et toute la gamme du bruit s’accorde, aux rayons gris de la rue. Les rayures piétonnent, les escaliers colimaçent, les klaxons s’emmêlent, sur les lianes chenaux de zinc.

Toi, tu t’aveugles aux phares des camions de livraison. Ta peau marbrée d’errant urbain, et tes bois blonds de cerf des villes, couchés en arrière, comme on baisse les oreilles. Les râteaux ondent sur les toits crades. Les passants contournent ton cercle-harde.

Puis il pleut, de grandes cordes, qui rayent l’acier tout autour, de longues lignes qui mouillent les dalles bitumes, et la monnaie du jour. Ça lavera la tâche sur ton nez, la nuit sur tes joues. Et soudain, c’est l’éclosion des fleurs grises, soudain, un printemps de parapluies.

Alors, tendant les bras vers la harpe-macadam, aux attaches célestes, que le grand luthier muet propose à tes doigts, tu émeus tout venant, le noir-follet des cheminées, la scie qui grince des escaliers, le délavé des briques fumées, l’océan sourd des vitres nues. Ainsi s’égrène le chant des chaussées, sous le regard pâle d’un nuage-artilleur. 

Texte n°3 – Mélodie sur Seine 

Petit matin, jour de printemps,
Les Parisiens dorment encore,
Mais déjà l’écho l’on entend
Des oiseaux chantant mille accords.

Là-haut sur la Butte Bergeyre,
Il nous semble bien reconnaître
Le ramage aux notes légères
De l’hirondelle de fenêtre.

En compagnie du roitelet,
Le grimpereau donne le la,
À quelques pas du Châtelet,
Au jardin Nelson Mandela.

Et vers le Pont de la Tournelle
Solfie la mésange nonnette,
Qui se mêle à la ritournelle
De la grise bergeronnette.

Dans l’allégresse printanière,
Ces belles gorges musiciennes
Nous jouent, chacune à sa manière,
Un air de La Vie Parisienne ! 

Texte n°4 – Les traces de l’oubli 

Tout petit,
On avance sans bruit,
Dans les ruelles de l’ombre,
Vers l’avenir qui sombre.

Sans une lueur d’espoir,
Les cordes grincent dans le noir,
Sous le poids lourd de nos pensées,
Le tourbillon de notre destinée.

On chante un refrain,
Triste, avec le cœur en main,
Sous le silence des innocents,
Le bruit étouffé du robinet de sang.

On vit par respiration,
On danse sans destination,
On invente une chanson,
Pour retrouver l’harmonie du son.

Les étincelles se sont éteintes,
Sous la tempête qui les étreint.
L’avenir est déjà enterré,
Sous les yeux des oubliés.

Je souhaite bonne route,
À ceux qui reposent dans la voûte,
Et j’offre un soupir d’espoir,
À ceux qui luttent encore dans le noir. 

Texte n°5 – Sa majesté le printemps 

Chaque aube naissante rogne un peu le temps
Des ombres lassées de trop longues nuits
Offrande lumineuse à sa majesté le printemps
Qui installe ses charmes au creux de l’hiver éconduit

Les harpes du vent caressent les branchages
Les bourgeons frémissent, grisés par cette alternance
Les odeurs, les parfums, apprivoisent le paysage
Le rite saisonnier accorde cette itérative renaissance

Les messagers ailés sous les cieux se dispersent
Sous le regard enchanté des adeptes du macadam
Sous une douce brise, les amours, prennent des chemins de traverse
Pendant que la rivière répète ses gammes

Le soleil diffuse des rayons ardents
Que l’outrance du béton emmagasine
Il y a la magie de la vie en ce cyclique recommencement
La beauté s’enchante de ce que l’harmonie butine 

Texte n°6 – Sur le fil du trottoir 

Écouteur dans l’oreille, une harpe tente
De me décrire le bitume que j’arpente
Mélodie en cours et boom tchac en attente
Le gris comme lit d’une mélancolie latente

Accord après accord, le jeu est léché
Porté par la portée, le pas allégé
J’apprends à avancer le cœur ébréché
En consommant de l’article en abrégé

La limite entre réel et fiction est infime
À l’écoute de la BO, ma vie est un film
J’ignore ce qui m’entoure à en devenir imprudent
Moment suspendu aux vibrations de l’instrument

Je poursuis ma route avec une seule chose en tête
Une seule chose qu’on devrait tous avoir en quête
Passer de Kadabra à Alakazam
En surfant sur un air de Harpes Macadam 

Texte n°7 – Harpe de macadam 

Je descendais les collines, la lumière dans les yeux,
Mes mains encore pleines de la terre des cieux.
Dans mon village, le vent jouait des symphonies,
Une harpe invisible dans les champs infinis.

Mais la ville m’appelait, sirène au chant d’acier,
Promesses d’un avenir que je voulais façonner.
Je partais un matin, le cœur lourd mais vaillant,
Emportant dans mes rêves l’éclat du firmament.

Dans le brouhaha des rues, mon âme vacillait,
Les klaxons hurlaient là où les oiseaux chantaient.
Le macadam brûlait sous mes pas hésitants,
L’air portait l’odeur d’un monde suffocant.

Les tours grises s’élevaient comme des géants muets,
Le soleil se cachait derrière leurs silhouettes.
Les visages pressés ne croisaient pas mon regard,
Chacun prisonnier d’un quotidien trop bavard.

Je travaillais sans relâche dans un bureau étroit,
Sous des néons blafards qui volaient ma joie.
Le stress s’infiltrait en moi comme un poison subtil,
Et chaque soir je rentrais, lassée et fragile.

La nuit tombée, je rêvais de mes collines vertes,
Des ruisseaux murmurants et des fleurs offertes.
Mais ici, les étoiles étaient voilées de fumée,
Et la lune semblait pleurer sur la ville fatiguée.

Un soir d’hiver, alors que le vent hurlait sa peine,
Je trouvas une harpe abandonnée sur une scène.
Ses doigts tremblants effleurèrent les cordes poussiéreuses,
Et soudain jaillit une mélodie précieuse.

Les passants s’arrêtèrent, surpris par ce chant doux,
Dans ce chaos de béton où tout semblait flou.
Ma musique peignait des prairies et des cieux clairs,
Un écho d’espoir dans cet univers austère.

Depuis ce jour, je joue au coin des rues sombres,
Transformant le gris en éclats qui décombrent.
La ville écoute enfin le vent et les bois :
La harpe de macadam qui redonne foi.

Texte n°8 – ÉCHO 

J’entends un écho, j’entends une prière ;
Une mélodie, un rythme qui résonnent.
Ces cordes se brisent, luttent et s’affèrent,
À buter les sons qui paraissent et marmonnent.

Des nuisances s’agglutinent sans remords
En un brouhaha informe qui se pavane,
D’un relent putride de luxure et de mort,
Dans la ville, les ruelles, sous nos crânes.

Qu’adviendra-t-il quand la nécrose entamera
Nos pauvres corps gangrenés par le son ?
Qui finiront par pourrir et rejoindront
La parade funèbre de nos âmes aux abois.

Les cordes elles, résonnent d’espoir.
À travers le macadam, les pierres et la crasse,
Rougissent des fleurs que la lyre embrasse
Sur le cadavre d’une ville cessant de se mouvoir. 

Texte n°9 – Mélodie de riposte 

Des burqa imposées dans l’air du Printemps
Bonifient l’humeur acerbe de ces talibans,
Et des femmes prisonnières en Afghanistan;
Tombent sous ces lois et mœurs d’antan.

Du sang répandu sur le bitume et gravats
Couleur rouge qui distille sans trêve l’horreur,
Des corps féminins persécutés de vie à trépas;
Dans un spectacle vif de sanctions et crimes d’honneur.

Une ambiance frénétique aux relents de lourdes oppressions
Sème le trouble au sein d’existences exemptes de distractions,
Et une mélodie de risposte sous des cordages d’Harpes révoltées;
Redéfinissent les chemins courageux de femmes réprimées.

Harpes, macadam
Sur l’asphalte des traces de combats nobles de ces dames,
Instruments qui sonnent le glas de tourments réitérés;
À cause d’une ère révolue que ces hommes veulent réhabiliter.

Harpes, macadam
Des pas qui fracassent le goudron au rythme du quidam
Qui joue au son d’une mélodie de riposte contre la violence
Et se démène de renverser ces dirigeants sans conscience. 

Texte n°10 – Sonorités célestes 

Le bitume glacial
Fruit de nos amertumes
Fait de nous des spectres
Errant dans ces rues sans âme.

Pourtant, au fin fond de moi-même,
Au carrefour de l’âme et de l’être,
Les mélodies dorées
Des harpes angéliques
Émergent en harmonie,
Réconcilient mon cœur.

Ni le boucan des véhicules,
Ni le brouhaha des humains
Ne troublent les échos célestes
Des sérénades du poète.

Aussi fragile que délicate,
Sa lumière me transcende,
Et perce le brouillard urbain.
Les chimères du monde s’évaporent
Demeurent la paix et ce mirage d’or. 

Texte n°11 – Poésie enragée 

Ma poésie enragée sonne comme du rap engagé,
Quand elle aborde les sujets qui ont le don de m’énerver.
Elle a ce côté énergique, tranchante, toujours poétique.
Je troque la feuille et la plume pour le marteau et l’enclume.

Je passe de la fleur au bitume, je prends l’air et débite des vers.
C’est pas la rue qui m’a forgée, moi, je l’ai côtoyée vite fait,
J’avoue, des fois j’y ai traîné, mais je l’ai surtout écoutée.

Elle m’a dit de kicker mes maux, tout en gardant le tempo.
Elle m’a dit d’extérioriser, pour ne plus jamais perdre pied.
Elle m’invite à m’exprimer, sans filtre et sans paniquer,
Donc j’arrête de canaliser, et j’expose avant d’imploser. 

Texte n°12 – Macadence 

On m’arrache au matin comme une dent pourrie.
Les rues saignent sous mes semelles, une plaie ouverte de pierre et de fer.
L’air a le goût du cuivre, et mes doigts sentent la cendre,
quelque part, une harpe grince, ses cordes râpeuses frottent l’os du silence.

Les murs ont tout vu.
Les corps tordus dans les angles morts,
les amours éventrées sur le bitume poisseux,
les pas qui traînent, les vies qui s’effilochent,
et moi, ombre étrangère, fil de fumée entre les pavés.

Le vent se cogne aux façades, hurle sous les porches,
m’enlace, me crache sa fièvre sale.
Mes épaules ploient sous un ciel malade,
les réverbères clignent d’un œil jaune, impassibles.

Je marche sans adresse.
Le macadam pulse sous mon poids comme une bête blessée,
et la harpe, loin derrière, continue son gémissement d’agonie.
Peut-être qu’elle pleure ceux que la ville a avalés.
Peut-être qu’elle m’appelle, moi.

Je ne me retourne pas. 

Texte n°13 – Trame des âmes 

Padam… padam… padam…

Perdu entre ces trames

Dans la ville au matin

Ce petit air mutin

– Malédiction ? Merveille ? –

Enchante mes oreilles

M’emmène et me réveille

Doux espoirs de la veille

Hey ! L’entendez-vous bien ?

Aussi fin que divin

Au milieu du ramdam

Il fend le macadam





Padam… padam… padam…

Mon cœur éclate et bam !

Je connais la chanson

Mais cet étrange son ?

Il y a davantage

D’émotion, de partage

Aurait-il mille ans d’âge

Pour paraître si sage ?

Au coin d’une ruelle

Une harpe m’appelle

Le printemps lie les âmes

Croisées à leur grand dam. 

Texte n°14 – Troubadour des routes 

Des violons, des cors, des flûtes, des harpes
Dans l’esprit de l’artiste des choix qui s’écharpent;
Le visage de l’instrument s’imprègne des couleurs de la saison,
Et le bois triangulaire tranche dans une mélodie ivre de floraison.

Dans les rues où les passants font des visages mornes
Il s’invite là, affublé de son plus grand sourire sans borne;
Il arpente le chemin jetant sur la route des notes musicales,
Sons d’une harpe celtique qui se joint aux mots d’un récital.

Musicien et conteur dans un seul élan de conquête
Sur le bitume, des pas enjoués d’un troubadour en fête;
Il fait glisser les doigts entre les cordages fins et délicats,
Et laisse retentir une symphonie pétillante de vers renégats.

Harpes, macadam !
Une virée sur la chaussée qui accueille le chanteur qui se pâme
Le poète se fait ménestrel des lyres qui aguichent les âmes;
Car il veut égayer la saison printanière qui s’en vient joviale,
À rebours d’une tristesse passée issue d’une pâleur hivernale.

Harpes, macadam !
Du bonheur et de la joie contagieuse qui se trament;
Le troubadour fait vibrer les cœurs charmés des piétons,
Qui le suivent entraînés sur les pavages d’une célébration.

De nos Harpes Macadam – Texte de calibrage par La Rathure

Décors quidam, Led contre, face,
Des corps guitares et contrebasses,
C’est corbillard contre strass,
L’effort minable, qu’on s’contrefasse,
Et reste les Harpes Macadam,

Nos batteries battent rythmes et bads trips,
Des débats d’tripes sur basse triste,
Des ébats d’rimes en braderies,
Dans le bal triste des harpistes,
J’entends encore les Harpes Macadam,

Des épopées pipeaux en dés pipés,
Les pots paient les peaux cassées,
Épine dans le pied et sur papier,
Épie où les poèmes pépient la paix,
Sur le son des Harpes Macadam,

Des voix violons, des vies violentes,
Des villes volées, des vils lovés,
Vaudevilles – évangiles dévots,
Valent caveau des voies votives,
Pour les Harpes Macadam,

Pour nos Harpes Macadam, 
Nos Harpes Macadam,

Rattrapent nos arts bac à sable, 
De Mozart, beaux-arts en bacchanales, 
César s’affale de fables en vrac, 
Des mots hasard se graphent calame, 
Car nos maux n’aggravent que l’âme, 
Que l’on agrafe à nos salams,
Le carnaval des vagues à l’âme,
De nos Harpes Macadam…

Soutenez les Égoèmes sur TIPEEE grâce au don mensuel pour permettre de développer cette rencontre poétique : mise en place d’un prix des tipeurs, d’un prix du public et de bien d’autres choses…

Merci à BB2, Idéesdodues, Nicole, Thomas Deseur et un anonyme de m’y soutenir !

1 Comment

  1. […] une période de césure, le concours de poésie Les égoemes longtemps mis en berne par l’organisateur, a repris du poil de la bête depuis l’amorce […]

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