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Bonjour à toutes et tous !
Semaine 54 de Fais Dix Vers, qui commence sur un faux-départ pour terminer en empire, une belle trajectoire !

J’essaie un petit changement par rapport aux compilations précédentes : je vous donne les explications après le texte, pour que vous puissiez l’aborder librement, sans que je vous donne des clés de lecture en amont qui peuvent orienter votre interprétation du texte.

Les versions audio sont disponibles juste à droite.

Bonne lecture !

Lundi 03/05/2021, Fais Dix Vers #268, Faux Départ

Je suis à deux doigts d’arrêter, si j’avais été didactyle,
Je pourrais tirer un trait, je ne maîtrise pas le pavé tactile,
Je suis toujours là à m’apprêter parce que je vise la didactique,
N’ai-je vraiment aucun attrait si je ne vous explique pas ma tactique ?
Je ne mets pas les pied sur la ligne, je les retire de l’étrier,
Je les enchaîne dans des signes, un jour j’prendrai le temps de les trier,
J’ai tellement peur de m’en lasser, j’suis une vraie tête de noeud,
Donc je n’laisse aucun fils dépasser pour apparaître moins migraineux,
Je n’ai pas entendu le top, mais j’ai quand même pris le départ,
Et si jamais ça fait flop, je ne terminerai pas en pétard. 

Un texte qui me permettait de traduire mon sentiment du moment. L’impression d’avoir repris ce format quotidien un peu trop tôt, de ne pas avoir pris le temps de prendre du recul dessus pour le faire vraiment évoluer, ou de profiter de la fin de la première saison pour caler la deuxième sur un rythme classique (en reprenant en septembre par exemple).

Pas de surprise dans ce texte, peut-être simplement préciser que didactyle signifie « qui a deux doigts » et un petit jeu autour des notions de pied, lacet, fil…

Mardi 04/05/2021, Fais Dix Vers #269, Damier

Dans le dédale des dalles d’ivoire et d’ébène,
Deux dames bataillent pour le pouvoir et les reines,
Derrière les apparats de palais et les embrassades,
Avancent case à case les palets et les ambassades,
Entre les carreaux de marbre se cachent les coups sombres,
Quand dans la lueur blafarde, on arrache l’écusson,
Plateau mis en lumière par la diplomatie de l’ombre,
Acte de guerre sur la table d’un conflit de salon,
La stratège persévère et défend son champion,
Son adversaire la pourfend et lui dame le pion.

Un texte que j’ai vraiment pensé comme une chronique autour de l’actualité, et c’est un format que j’apprécie explorer. 
Tout part de ce billet de blog trouvé sur le site du monde. Lors des championnats du monde de jeu de dame, alors que les championnes Tamara Tansykkuzhina, Russe, et Natalia Sadowska, Polonaise, jouaient la quatrième manche des finales à Varsovie, un officiel intervînt durant la partie pour arracher le drapeau tricolore de la concurrente Russe. En effet, la fédération internationale de jeu de dame est affiliée à l’association mondiale anti-dopage ; or celle-ci a interdit aux athlètes Russes de défendre les couleurs de leur pays, accusant la Russie de ne pas jouer le jeu des contrôles. 
Déconcentrée, Tansykkuzhina a concédé la partie alors que son adversaire a, en solidarité, retiré le drapeau polonais pour la fin du match. Si vous voulez en savoir plus, l’article est ici :

https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2021/05/03/quand-une-partie-de-dames-vire-a-l-incident-diplomatique-entre-varsovie-et-moscou_6078947_4832693.html

Je ne pouvais aborder un tel sujet sans utiliser l’expression « damer le pion », qui signifie « surpasser quelqu’un » et qui vient du jeu de dame, justement, faisant référence au moment où l’un des deux joueurs transforme un de ses pions en dame, prenant un avantage certain sur le partie en cours.

Mercredi 05/05/2021, Fais Dix Vers #270, Onanisme

Se glisser dans la peau d’un autre pour sentir vibrer la sienne,
S’abandonner, pleinement notre, que plus rien ne nous retienne,
Se confier les non-dits et les actes dans un érotique pacte,
Se laisse toucher par la grâce dans un automatique tact,
Rencontrer ses secrets reflets dans un délire d’égotantrisme,
Les pousser jusqu’à s’aligner pour que s’embrasent les prismes,
Une exploration connue, une surprise du quotidien,
D’une âme portée aux nuées que l’on habille d’un rien,
Prendre le temps de s’étreindre pour se rappeler qu’on s’aime,
Mais est-on vraiment jamais mieux servi que par soi-même ?

Un thème qui m’a été proposé sur instagram, comme chaque mercredi !

Un sujet qui me sort clairement de ma zone de confort, tant je ne suis pas un poète de la sensualité ou de l’érotisme. Mais c’est aussi ce qui m’a fait le choisir, pour découvrir ce que je parviendrais à en faire. 
Je vous laisse juger du résultat. Je me suis seulement permis un discret néologisme avec « égotantrisme », et d’autres petites choses que je ne trouve pas intéressante d’expliciter, tant elles dépendent de comment chacun·e abordera le texte !

Jeudi 06/05/2021, Fais Dix Vers #271, Borne

C’est une terre de marne qu’une morne borne orne,
Minuscule bout d’histoire qu’un paysan écorne,
Vulgaire pavé, pas même menhir ou mégalithe,
Qu’il décide d’excaver pour repousser les limites,
C’est une de ces lignes imaginaires qu’on crée,
Pour laquelle, ici même, des hommes se massacraient,
L’antique frontière s’est enfoncée de quelques mètres,
Sans aide aucune d’un grognard, poilu ou autre reître,
Les oiseaux de malheurs craignent l’invasion des hordes,
Pourtant, il n’y a là que Bébert et son tracteur Ford.

Une nouvelle chronique d’actualité faisant ici écho à cet agriculteur (je ne suis pas certain qu’il soit agriculteur, peut-être possède-t-il juste un terrain) belge qui a déplacé une borne frontière entre la France et la Belgique datant de 1820 pour agrandir son terrain.
J’ai trouvé l’anecdote cocasse, et j’ai, comme mardi, voulu m’en tenir au sujet.
Première chose à noter sur ce vers :
« Sans aide aucune d’un grognard, poilu ou autre reître, »
L’idée était ici d’évoquer des soldats qui ont combattu sur les frontières de l’est de la France actuelle à différentes époques : Grognard, ainsi que l’on surnomme les hommes de la vieille garde Napoléonienne, Poilu, les soldats de la première guerre mondiale, et enfin reître, des cavaliers légers allemands armé de mousquet qui ont notamment servi durant les Guerres de Religion. 
Deuxième chose que j’aime bien dans ce texte :
«  C’est une de ces lignes imaginaires qu’on crée »
Qui donne aussi, à la fin : imaginaire concret. Une formulation que j’ai essayé de mettre en avant dans la version audio en marquant une pause.

Vendredi 07/05/2021, Fais Dix Vers #272, Napoléon

Le vieux Walter s’imagine comme Napoléon, en pire,
En grand admirateur, il le vit, le respire, s’en inspire,
Pour l’épiphanie, il organise une grande cérémonie,
Galette de l’empereur, pas des rois, qu’il voue aux gémonies,
Dans son village, on le caricature, on le prend pour un fou,
Pourtant ce midi dans la salle des fêtes que Walter loue,
Les citoyens écoutent l’orchestre jouer un austère Liszt,
Et lorsque vient le couronnement, Walter se la joue soliste,
Sa compagne d’Italie est enceinte de treize semaines,
Les initiales des prénoms seront les saintes L-N. 

Un thème qui fait évidemment écho au bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène.
J’ai essayé de rester collé au sujet tout en prenant mes distances avec en racontant l’histoire du vieux Walter qui se prend pour Napoléon. Ca m’a permis de cacher, plus ou moins subtilement, quelques petites références dans le texte. Ainsi, dès le premier vers, on retrouve l’Empire (En pire).
Les vers 6 et 7 permettent d’évoquer deux grandes batailles napoléoniennes :
Waterloo, une défaite : « La salle des fêtes que Walter loue » (oui, c’est uniquement pour cette raison qu’il s’appelle Walter).
Auterlitz : Austère Liszt. Bien que Liszt soit né en 1811… J’ai fait passé la rime au dessus de la crédibilité historique, j’espère que vous ne m’en voudrez pas ! Je ne suis d’ailleurs pas persuadé qu’on puisse qualifier l’oeuvre de Liszt comme austère…
Le vers 8, en écho avec les vers 3 et 4 évoquent le sacre de Napoléon, et le fait qu’il déposa lui-même la couronne sur son crâne.
Le vers 9 évoque deux importantes campagnes napoléonienne, la campagne d’Italie (avec « Sa compagne d’Italie ») et les Cent jours (avec treize semaines, puisque c’est approximativement le temps qu’ils durèrent en semaine).
Enfin, le vers 10 permettait de conclure sur Sainte-Hélène (ile où mourut Napoléon ) tout en évoquant les initiale de celui qui prendra sa suite (un neveu de Napoléon Ier) Louis-Napoléon Bonaparte. Qui s’appelle en fait Charles Louis Napoléon Bonaparte et qui règnera sous le nom de Napoléon III. Mais Louis-Napoléon, ça m’arrangeait mieux et il se faisait appeler comme ça. 

Voilà, j’ai l’impression d’avoir un melon aussi gros que celui de Napo après tant d’explication, donc c’est plutôt réussi !



Pour retrouver mes « Fais Dix Vers » du lundi au vendredi, ça se passe sur instagram, donc n’hésitez pas à m’y suivre ! Vous pourrez m’y proposer vos thèmes !


Merci de ta lecture!

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