Les Égoèmes

Les Egoèmes #21 – Les couleurs du néant

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Les Egoèmes, c’est un concours de poésie que j’organise chaque début de mois sur Instagram. Ou presque.

Pour cette vingtième-et-unième édition, amenons de la couleur dans ces univers qui en sont trop souvent dépourvus…

Pour cette édition, les participant·es ont une semaine pour participer, en envoyant leur participation à egoemes @ larathure . fr (sans les espaces) avant le mercredi 10 avril 2024 minuit.

Comme pour l’édition précédente, je proposerai un texte de calibrage pour aider les jurys dans leur travail de notation.

Pour vous tenir au courant des actualités du concours, ça se passe sur Instagram : @lesegoemes

Les jurys de cette édition sont les lauréat·es de l’édition précédente  :

Julie Zhang (Instagram )

Lignes_Fugues (Instagram ) 

Isabelle Sindin (Instagram )

Vous pouvez retrouver les présentations des membres du jury sur Instagram : @lesegoemes

Bonne lecture !

Texte n°1 – Fin de partie

La lumière fut
et les couleurs fuient.
Dans la fin de nuit
et ses rêves diffus
les lueurs essuient
leurs pieds vernis
sur le pas de ma vue,
et le blanc engloutit
jusqu’au fond de son puits
toutes les couleurs perdues,
les formes et les visages d’amis
les teintes bercées d’oubli.
Car je ne vois plus,
tout s’éteint dans mon ciel de pluie
et sur l’horizon devenu gris
je revois la mélodie disparue
du rouge des envies
et du bleu de l’infini.
Leurs éclats se diluent
dans une dernière éclaircie
là où dansent,
entre les plaies et les béances,
entre les silences et les errances,
les plus belles nuances
de mes rayons de vie.

Texte n°2 – Rose poumon

Rose poumon
bleu veine
noir orifice

Le néant naquit le jour du premier feu de l’humanité
dans la cage thoracique, les braises
dans la trachée, la fumée.

Couleur flamme sur le bout de la langue
imitation solaire, un soir de pleine lune.

Texte n°3 – Ecran Noir

Écran noir et c’est pas la fin du film
C’est que le début même si le reste défile
Des fils t’en as tiré depuis tant et tant d’années
Tanné par les chemins, est-ce le bon que tu arpentais

Tu repense au passé et tu pense pas au futur
Tu recommence assez comme un processus sûr
Sûrement t’as tes raisons mais t’as jamais essayé
Ça y-est tu t’écriais en pensant avoir trouvé

Tu n’as jamais regardé le présent dans les yeux
Tu préférais bien garder l’espérance vers les cieux
Essuyer les plâtres vécu auparavant
Tout en priant l’albâtre, le marbre, le temps d’avant

Devant toi l’écran est noir et tu te demandes
Mendie ton désespoir contre quelques offrandes
Un peu de bon sens pour regarder au delà
Tu verrais une lumière blanche qui n’attend que toi

Texte n°4 – De l’ombre à la lumière

Personne n’a rien vu venir
Ni la décoloration de mon sourire
Ni les chimères habillant mon masque.
J’étais un personnage truculent.
Mon rire teinté de terre de soleil
Réhaussait les grises mines.
Mes paroles offraient un camaïeu fleuri
Éclaircissant les jours sombres.

Un jour, la carnation de mon être
Se désincarna en non-être.
Mon oriflamme arc-en-ciel s’embrasa :
Il ne resta que des cendres de mon fard.
Blafarde, je coulais de Charybde en Scylla
Sans demi-teinte dans un désert noir
Aux pigments incolores.
Une terre de misère, un sol inconsistant.
J’étais émoussée, indifférente.

Je tentais de me tenir lumineuse
Mais la nuit m’aveuglait de son abysse.
Ma vie alors s’éclipsa derrière le rideau
Opaque du Non-sens, de l’insignifiance.
Aucune couleur ne pouvait me secourir.
Aucun motif bariolé pour m’aider,
Aucun bleu, aucune rose, Rien.
La peinture dorée de ma présumée existence
N’était qu’une toile usée de désillusions.

Alors je commis l’irréparable :
Jeter mon existence dans un funèbre ébène,
Donner la mort à mes manques insondables,
Aux teintures décolorées de mes pensées.
J’ai débrillé ce qui brillait en mon cœur,
Effacé les tonalités irisées de mes iris.

J’ai sombré, oui, dans l’obscurité totale
La tête en avant dans le vide en accélérant
Pour détruire les Couleurs
De mon éther et le laisser partir
Vers le domaine du Néant.
Ceci est une hérésie puisque par définition :
Il n’existe pas.
Comment alors recolorer ce qui n’est pas ?
Et enluminer mon existence insupportable ?
En freinant au bord de la falaise.
En demandant aux médecins l’ordonnance
Des Couleurs de la Vie.

Texte n°5 – Avant je

Je suis née en jaune
Peut-être en mauve peut-être
D’une couleur de fleur
Je suis née en douce en
Douceur en
Coulée d’orchidée
Avant
Je n’étais rien
Avant je n’étais
Et le trou à la place à la
Place de moi
Au creux du fond de là
D’où je suis née en
Jaune d’or
Et l’odeur du creux du trou
D’avant moi née dedans
Collée aux parois aux
Pistils
Je suis née en avril
Peut-être en juin peut-être
D’une goutte de vide
Et le trou
Béant
À la place de moi à
L’endroit d’avant je
Se souvient-il encore
Des couleurs du printemps ?

Texte n°6 – Les ténèbres bariolées de nos âmes

J’ai plongé dans les profondeurs de ton néant,
Dans ce mélange de rien de tout et de tout de rien.
Je me suis noyée dans les plus profondes de tes abysses,
Jusqu’à ne même plus voir la lumière ondoyer à notre surface,
Ni les reflets de cet arc-en-ciel noir au-dessus de notre chambre,
Ni dans le marine de mes larmes s’écrasant sur l’encre de ton dos,
Ni dans les ondes violettes des cernes ternes qui décolorent nos yeux.
On a joué avec le feu jusqu’à brûler son or au charbon du soleil.
On saigne encore sur les prés verts de notre passé.
On rit jaune en repensant à notre insouciance.
Et pourtant, il reste toujours de la beauté,
Dans cette absolue noirceur
En nuances de gris
Mordorées.

Texte n°7 – Préserver mes couleurs du néant

J’ai la peau terne sculptée dans la sueur et les plaques
Je ne peux contrôler ma mine qui vire en teintes blafardes;
Le spectacle de couleur qui jadis m’animait en vrac,
Succombe dans un phénomène sombre qui me tient hagarde.

Des sortilèges de fatalité s’ourdissent dans l’ombre
La nuit est pesante et présage une catastrophe audible;
Les néons de la lune s’éclipsent hors de ma chambre,
Mon état pâle suscite les convoitises d’un destin sensible.

Longtemps maintenue dans une obscurité qui m’étreint
Je suis otage de fantômes nocturnes qui se faufilent;
Les spectres de la mort guettent le moindre soubresaut fébrile,
Pour arracher mes jours à la lumière d’une vie qui s’éteint.

Dans une délectation morbide, le néant se profile à l’horizon
Attendant l’avancée de la maladie dans ses retranchements honnis;
Ma survie se voile sous la brume d’une possible résignation,
Le sort m’enlève toute commodité de me départir de mon agonie.

Mais quand le soleil me baigne de ses photons fluorescents
Je me réjouis de l’aube qui défie mes fantasmagories sans trêve;
Le crépuscule de ma tourmente sera une étape sordide d’un rêve,
Et dans un avenir bariolé s’illuminera un corps obsolescent.

Texte n°8 – Conscience

Couleurs d’éther nébuleux et venteux,
De déliquescence de nos sens.
Couleurs de brumes, épaisses et ternes,
De peines et de tant de haines.
Couleurs des frimas qui nous glacent
Dans un état d’ire et de furies.
Couleurs de l’arum aux fleurs pourpres.
À l’odeur pestilentielle et putride.
Couleurs blafardes, floues et brouillées.
Égarées dans les méandres de l’Enfer.
Couleurs des ténèbres, sombres et noires…
Thanatos transfiguré en un être inespéré.
Les couleurs du Néant ?
Illusion chimérique de notre inconscient !
Sortir de ce mythe antithétique,
Dépasser cette peur intrinsèque
De ce blanc, ce Néant inexistant…

Texte n°9 – grises inerties

grises inerties
scie de l’ici-bas si las
terne griserie

Texte n°10 – Né en’ Hiver

Les gens disent souvent,
Que le noir est la couleur du néant,
Mais il renferme toutes les nuances du gris languissant ;

Ces gens-là disent bonjour le regard fuyant,
Ils ne regardent jamais vraiment,
La Mort dans les yeux en la saluant ;

Ceux sont des errants ignorants,
J’peux vous dire ce qu’il en est car moi j’suis né en’
Hiver sous un ciel grisonnant ;

Parfois mon ciel est strié de rouge sang,
Parfois j’le fait trembler en criant,
Jusqu’à faire trémuler les terriens gémissants ;

La différence est dans la manière d’appréhender le temps,
Eux ont peur de tomber dans un coup d’vent,
Quand moi je danse nue sous l’orage battant. 

Texte n°11 – L’aurore

L’aurore étend ses couleurs sur la ville,
Mais sur mon lit je broie des idées noires,
Par ma fenêtre un rayon se faufile,
Mais il n’éclaire pas mon désespoir.

Le ciel est rose et, par dessus les toits,
On voit flotter un nuage oranger,
Je suis morose d’être là sans toi,
De n’être à ton cœur plus qu’un étranger.

Déjà le soleil égrène son or
Et son satin, mais dans mon âme il pleut,
J’entends encore ton rire sonore,
Dans mes pensées brillent tes grands yeux bleus.

Mais je n’y lis que ton regard aigri,
Le jour se lève il fait déjà si gris.

Texte n°12 – L’arc en ciel

Dans l’obscurité du noir, s’épanouit un mystère,
Où les ombres dansent, sans frontière.
Mais si l’arc-en-ciel tu convoites,
Les couleurs du néant se transforment en joyaux, en notes.

Le vide devient toile, éclatante de nuances,
Chaque teinte révélant une essence, une nuance.
Du noir profond jaillissent des éclats de lumière,
Comme un arc-en-ciel dans la nuit, éphémère et fière.

Les contrastes dansent en silence, peignant les couleurs du vide,
Révélant en ce tableau infini une beauté limpide.
Un message intemporel se dessine en noir et en arc-en-ciel,
Symphonie muette, éloge d’un mystère. 

Texte n°13 – Dans le creux

Les yeux posés sur le vide
Entre deux tables
Entre deux chaises
Sur le regard d’un dirigeant

Un néant qui brille comme un néon
Entre les réplicants et les boîtes de conserve d’ananas sirupeux
Dans la nuit
Dans le creux

De ces étranges lueurs
En faire une palette
Redonner au rien ses couleurs
Remplir l’espoir de bleu
La joie d’un peu de gris
À cet espace qui nous sépare
Dédier un hymne coloré
Vider ce qui est plein
Apprécier ce qui est creux

Comme celui de ta main 

Texte n°14 – Ma Peintre des Cieux

Souvent, sur la colline éclairée par la lune,
La brise, rugissante, joue gaiement sur les arbres.
Tandis que moi, étranger, navigue les dunes,
Assemblées d’étoiles folles, sculptées dans le marbre.

Dans son mutisme écrasant, sa froideur céleste.
Longtemps ai-je cru que cette immensité noire,
Manquait, outre de voix, de chaleur manifeste,
D’un brin de couleur et de vie dans son regard.

Maintenant, tu y résides, reine des étoiles,
Et ton pâle royaume, dans un nouvel espoir,
Observe ces couleurs, qui percent la nuit noire,
S’écraser sur ton palais, mourir sur ta toile.

Elles espèrent repeindre le ciel un instant,
Charmer ce voyageur s’asseyant dans les champs.
Une paisible guerre, dévorant souvenir,
Je les regarde sillonner les airs dans un dernier sourire.

Texte n°15 – Couleurs du Printemps

Un froid glacial atteint l’échéance d’une saison rigide
Les lumières réduites à néant refont surface du vide;
Des floraisons éteintes se dérobent de cette torpeur livide,
Une lueur externe ravivent les êtres calfeutrés sous son égide.

L’hivers blème s’estompe doucement sans bruit
La neige ne procède plus d’un voile blanc
aux alentours;
Une nature vivante et ensoleillée s’impose sans détour,
C’est le printemps qui s’annonce dans une splendeur inouïe.

Un royaume fleurie émaillée d’une flore arcs-en-ciel
Gouverne le pré ondoyant dans un spectacle sensuel;
Les fleurs luisent de toutes leurs pétales multicolores dans la prairie,
À l’unisson d’une pâleur hivernale évincée à souhait dans l’oubli.

Le ciel aux traits vifs égaie le paysage dans un reflet joyeux
Et les oiseaux voltigent dans le renouveau tendre de son bleu;
Le frétillement des arbres dans leur feuillage verdâtre se déploie,
Les couleurs printanières s’épanouissent et rythment la vie de leur loi.

Texte n°16 – Pantoum du soleil couchant

Le rouge a remplacé le rose
La nuée s’accorde au soleil.
Et moi, lisant d’elle sa prose
Mon front s’est empli de vermeil.

La nuée s’accorde au soleil
Au revoir, froide transparence…
Mon front s’est empli de vermeil
Adieu, cruelle indifférence.

Au revoir, froide transparence
Néant du ciel, enflamme-toi !
Adieu, cruelle indifférence
La chaleur est entrée en moi.

Néant du ciel, enflamme-toi
Disparais, grisaille morose !
La chaleur est entrée en moi
Le rouge a remplacé le rose.

Texte n°17 – La sorcière

J’ai vu les rêves tomber du ciel
Dans des mares
Des cendres
Laissant un boucan d’un os cassé
D’un chien percuté
Par une voiture ivre

Et la sorcière riait de les voir ainsi

J’ai entendu des voix, rauques, aiguës…
Traversées de sang
D’échos blessants
Se plaindre de l’élégance amère
Du tableau des cauchemars…

J’ai vu des corps à bout de souffle
Se laver de la poussière
Des cendres
Déchirant les habits
Devant d’autres corps entassés
Là et là, là, là, là, là…
Laissant un chant d’outre-tombe…

Et la sorcière riait de les voir ainsi

Texte n°18 – L’au revoir des ombres

Au rayon des silences
L’abstinence des horizons

A force d’oublier de nommer les saisons
Le temps, comme les souvenirs
S’effacent

Le vide, ascétique
Murmure à nos mémoires
Assassines
L’alphabet des illusions

Nos paupières volubiles
S’étonnent encore
Du parfum des poussières

Les placards mentent
A nos mains
A jamais
en quête de symboles

Tu es partie,
Figeant les murs de l’instant
Des couleurs du néant.

Texte n°19 – Les couleurs du néant

Nous avons tous  nos propres idées et sentiments
Ce qui fait  de chacun de nous un être différent
A chacun son ciel gris
Ce qui chez moi peut m’anéantir
Ne te fera peut être que poser un genou à terre
Rien que d’y penser je suis vert de rage
La jalousie en moi s’insinue
Doucement mais sûrement le désastre continue
Bientôt je broie du noir
Et quand je comprends que tu restes indifférent
Mon sang ne fait qu’un tour
Je suis à bout je vois rouge!

Texte n°20 – L’oeil en berne

Encore une fois j’ai l’écume au bord des lèvres
au bord du vide
au bord de mon cœur
un pied trop vite hors du lit et
je la sens qui arrive
encore
avec ses points qui me vrillent la tempe
de leurs œillades
Trente minutes dans le noir
les membres crispés pendant que danse
la migraine aux quatre coins de mes pensées
je la vois venir
toujours elle me laisse ses carreaux sur l’œil
la mâchoire quadrillée, mes membres aussi
suffoquent
Surtout ne pas bouger
je ne lâche rien surtout pas mes nerfs
je veux l’obscurité de mes yeux clos
et même là
l’aura m’attend
elle m’éteint
je ferme
toutes mes lumières je ferme mes bras
sur moi
la douleur plonge
kaléidoscopique entre mes yeux
si je marche je flanche
on me voit vertige pendant qu’explosent
en couleurs mes deux yeux ma vue
tout se brouille
elle me démange comme une arrière pensée
de bas en haut
elle m’a à l’œil

Texte n°21 – Les teintes de la révolte

Dans le rouge sanglant,
Le peuple manifestant,
Brisera le silence qui s’abat
Sur un monde en éclats.

Dans l’orange des flambeaux,
Les prémisses d’un renouveau
Apporteront les lumières,
De ces humains qui espèrent.

Dans les cris, dans les pleurs,
Dans les sombres couleurs,
Dans les dernières heures cruelles
Coulera l’aube arc-en-ciel.

Au cœur du drapeau multicolore,
Des âmes qui changent de corps,
Peindront un nouvel horizon,
Aux pinceaux de leurs passions.

Dans l’obscurité du néant
Brillera le regard d’un enfant,
Et dans ses yeux diadème,
Naîtra l’espoir des “je t’aime”. 

Texte n°22 – Arc en ciel de la vie

Rose tel un jour qui s’éveille
Rouge merveille de vermeil
Jaune ardent comme le soleil
Bleu de ces longues nuits de veille
Vert de ces peurs qui nous effrayent
Arc en ciel multicoloris
Pour dégriser la vie
Pour déguiser l’ennui
Pour ranimer l’envie
Ces teintes qu’à jamais je garde
Si ancrées en moi, si criardes
Si je m’égare par mégarde
Dans cette existence blafarde

Texte n°23 – Tu écriras en rouge, en bleu, en vers

Tu écrivais en rouge, en bleu, en vers
En couleurs miroir de tes sentiments.
En rimes, en prose, en vert,
Tu posais des mots par tous les temps.

Par tous les temps…

Ce temps a usé ta mémoire,
Tu te retrouves dans le néant.
Te voilà seul.e dans le noir,
Cherchant l’arc en ciel de tes vingt ans.

Tu écrivais en mauve, orange et miel,
Toute la grandeur, et tes élans
Aujourd’hui cheveux poivre et sel
Au creux de ta tête c’est du blanc.

C’est du blanc…

Le blanc a tâché tes souvenirs,
Alors tu relis les poèmes,
Taches d’encre, d’amour et de sourires,
D’un passé aux couleurs bohèmes.

Texte n°24 –  Couleurs perdues

Le caméléon n’attend pas longtemps sa proie,
Avec délectation il tire loin sa langue ;

Serpent le voit et tend sa tête lentement
Tandis que le lézard 🦎 change son vêtement :
Anciennement tout vert, il brunit et rougeoie
Restituant le teint du feuillage qui tangue ;

S’estimant bien caché le prédateur des mouches
Entamé un petit somme en fermant son œil gauche ;
Sentant son heur venir la couleuvre grandit
Tranquillement son corps qui se désarrondit ;

Évitant le regard droit du patteux des souches
Voici le long reptile esquissant son ébauche
Attaquante, en tirant mais subrepticement
Nonchalante sa langue en direction du mets ;
Or le dormeur perçoit l’ombre du branchage
User d’étranges sens, et a peur du lynchage ;
Il est pourtant trop tard, car l’agrandissement
Entraînant de la gueule arrive et le prend mets (gloup).


Texte de calibrage – La couleur du vide

Je n’ai jamais vu la couleur du vide,
Est-ce celle du fond sur lequel il échoue
Du temps qui s’engouffre dans mes rides,
Ou de celui que la science déjoue ?
Je n’ai jamais vu la couleur du vide,
Pas plus que je n’ai pu en voir le bout.

J’ai croisé le fantôme d’un arc-en-ciel,
Soupir vaporeux à la recherche de ses teintes
Il m’a toisé d’un souffle vide, pestilentiel,
L’air dru d’une aigreur d’étoile éteinte,
Je lui ai demandé si les couleurs de son âme,
S’accompagnaient de reflets chromo-nébuleux,
Il m’a scandé les douleurs de son drame,
Sa déchéance d’un à-propos fabuleux,

“Je suis vide, livide depuis que les nuances m’ont quitté,
J’étais cible, lisible, devenu puante antiquité,
J’étais source de légendes, mythes et épopées,
Je suis gouffre de cendres, miteux et éploré,
J’étais pont entre les mondes, les dieux et les bêtes,
Me voici plomb qui vagabonde, odieux et sans quête,”

Et moi, je voyais sa palette s’effacer encore,
Sa silhouette disparaître en une arrête incolore,
Il se dépigmentait, le néant prenait corps,
Il souffrait ce martyr secret, presque indolore,
Je lui ai dit, avec l’aplomb de celui qui élucide,
“Grâce à toi, je connais enfin la couleur du vide”
Il m’a sourit d’un ton résigné, lueur lucide
Et s’est envolé, dans le battement des sylphides.

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